Auteur: Abgarus
Date: 12-11-2009 13:36
Chers amis,
Les considérations de toutes sortes, sont indispensables.
Savoir comment travaille Nick Brandt, permet de situer la qualité de son travail.
Un boitier 24X36 + immense télé-objectif et planqué à 50 mètres, ou l'imaginer tenant dans ses mains palpitantes un gros pentax 67II, seulement armé d'un petit objectif 105mm, à quatre mètres des pattes de ces énormes éléphants prêts à l'écrabouiller, ou collé à la babine de ce lion affamé.
La différence est conséquente.
D'un côté, nous éprouverions du respect, de l'envie, pour ce courageux Tartarin, de l'autre, de la lassitude et de l'ennui pour des images sans vie.
C'est d'ailleurs ce qu'il revendique: Des portraits d'animaux, au plus près, au plus intime, En moyen format et film T-max 100 + divers filtres, avec son valeureux 105/2.8, voire au maxi un 200mm (l'équivalent d'un 100 en 24X36). Certes planqué dans son Land-Rover, mais tout de même ! Quel courage ! Quelle abnégation ! Car il le dit lui-même: Les gens ne mesurent pas comme c'est difficile de travailler avec le choix que j'ai fait (moyen-format, film 100 asa, filtres, préférence pour temps orageux), et charger le boitier toutes les 10 images ! Je fais de belles images, mais j'en rate aussi beaucoup!
Jusque là, rien à dire, hormis BRAVO !
C'est après que ça se complique. Car il faut l'avouer, les images de notre ami ne sont pas ordinaires.
Des animaux isolés, détachés d'une campagne absente, des ciels lourds et bas comme des couvercles (mille mercis à JeanD d'avoir glissé Baudelaire dans le forum avec ce texte, certainement l'une des plus belles fleurs maladives), des flous en veux tu en voilà.
Mais il s'explique: J'ai abandonné le labo argentique, ça ne rendait rien. J'utilise un Apple G4, une tablette Wacom, Adobe Photoshop, deux Epson printers - le 2200 et le 7600. Photoshop est la meilleure chambre noire au monde. Mais je fais attention à ne pas abuser des possibilités de Photoshop, sinon c'est une pente glissante vers la fabrication d'images.
D'ailleurs ne rajoute t'il pas innocemment: Si Ansel Adams était vivant aujourd'hui, je pense qu'il travaillerait avec Photoshop.
Pourquoi pas ?
Il avoue également que pour l'instant, s'il fait disparaître de l'image ce qui le gêne, il n'en est pas encore à rajouter des animaux de ci de là, pour meubler. Bien.
Que savons-nous ?
Que l'effet produit par ses images, provient de sa souris. (Il n'utilise pas de tilt shift lens).
Qu'il ne sait pas ce qu'est le Bokeh.
Qu'il fait partie de ces photographes qui n'ont ni culture ni éthique, et sont arrivé à l'image par opportunité.
Par incidence, leur absence de culture/éthique leur permet d'explorer des champs sans guère de contraintes, si ce n'est celle de leur relative intelligence.
Pour nous qui avons pas été élevé au pop-corn mais à la rigueur des maîtres sans recadrage, à l'image qui est bonne ou à jeter mais pas à bidouiller, à la contrainte d'évoluer dans un cadre strict et succint, "se forcer à utiliser des moyens limités est une contrainte qui libère l'invention" dirait Pablo, dans le but, ne l'oublions pas, d'évoluer aussi en profondeur, la légèreté n'est pas considérée comme une qualité.
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