Auteur: Emmanuel Bigler
Date: 07-10-2005 09:40
Hmmm.
Véhicule à 270 km/h passant à quelques mètres d'une machine de haute technologie française que nos voisins européens nous envient. Pas de souci, on peut lire le numéro d'immatriculation et déférer devant la justice, comme la presse nous l'apprend ces jours-ci.
Mais l'engin vise pratiquement selon la trajectoire du bolide, j'ai envie de dire que le déplacement latéral de la cible pendant la pose doit être réduit au moins au dixième de ce qu'on verrait en passage perpendiculaire à l'axe optique à la même distance de visée.
Pour fixer les idées, quelques chiffres.
Imaginons que l'appareil en question soit un 24x36 et que l'objectif soit un 50 mm.
L'objet étant à 5 mètres, le grandissement est donc 1/100.
On se rappelle que 36 km/H = 10 m/s soit 10 mm par millième de seconde.
Admettons que la cible se déplace perpendiculairement à l'axe optique à la vitesse de 30 m/s soit 108 km/h (ce jour là, il pleut, le conducteur précautionneux respecte la législation française et prend un petit 2km/h en moins par sécurité).
Dans ces conditions le déplacement de l'objet est de 30 mm par millième de seconde, l'image sur film au grandissement 1/100 pendant un millième de seconde se déplace donc de 30/100 = 0,3 mm par millième de seconde. Ensuite on agrandit le timbre-poste 24x36 environ 4 fois, ce qui nous donne toujours pour un millième de seconde de belles patatoïdes allongées de 1,2 mm pour chaque point de l'image. c'est joli mais sachant que l'oeil qui regarde le tirage demande en général 150 microns de flou au maximum, on voit qu'il manque presque un ordre de grandeur pour satisfaire l'oeil du dégustateur d'images de galerie-photo.
Donc il faudrait travailler au 1/8000 seconde.
Ou bien en rabattre un peu. Garder la même focale mais se reculer à 15 mètres, et en étant pas trop exigeant, au deux-millième on devrait avoir quelque chose d'acceptable.
Ou bien viser comme le font les cinémomètres de la République Française, viser un peu plus suivant la trajectoire et pas perpendiculairment.
L'autre possibilité est de faire un 'filé' c'est à dire en se plaçant relativement loin, d'accompagner la véhicule dans le viseur par un mouvement panoramique ad hoc.
Mais pour revenir à Jacques Henri Lartigue, il est amusant de ré-examiner les roues ovales du Maître à la lumière des progrès techniques.
Imaginons un appareil d'amateur à obturateur plan-focal pour format 24x36 dont la vitesse max est de 1/2000s avec défilement vertical des rideaux comme l'appareil 9x12 de Lartigue. La synchro-flash au 1/125 nous donne le temps mis par les rideaux pour parcourir les 24 mm de haut de l'image. Je dis bien « imaginons » car comme chacun sait, les galerie-photoïstes prétendent ici ne pas connaître ce genre d'appareil ;-);-)
Pendant 1/125s, l'image d'une voiture à 30 m/s qui passe à 5 m devant le 50mm standard de l'appareil petit format se déplace de 8 fois 0,3 mm soit 2,4 mm entre le bas et le haut du film.
Donc on n'est pas encore aux beaux ovales de Lartigue, mais cela fait 2,4/24 = 10% de déformation en parallélogramme. Pas de souci, un bon coup de traitement numérique en post-production, il doit bien y a voir une fonction « skew » quelque part dans ce logiciel non traduit en français, clique, hoppe, c'est fait, adieu Lartigue ;-);-)
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