Auteur: Marc Genevrier
Date: 29-04-2003 08:29
Tin, je comprends ce que vous dites sur les fonds de tiroir ou l'impression de re-dite, mais je ne sais pas s'il faut en accuser Cartier-Bresson lui-même. D'après l'article, il n'a pas l'air d'être personnellement à l'origine de cette expo et de cette publication, il aurait même plutôt l'air d'avoir une certaine distance vis-à-vis de ça.
Par contre, je ne crois pas du tout que son travail se résume à l'instant décisif. Il y a plein d'images du monde entier, de Mexique ou d'Irlande par exemple en plus de celles déjà citées ici, qui nous parlent de l'être humain, tout simplement. C'est peu tourné vers l'événementiel et, sur la somme, ça s'intéresse plus à une sorte de nature humaine universelle et éternelle, alors que notre époque est plus attentive aux particularités et aux mutations, bref, à tout ce qui est menacé de perte. Cartier-Bresson se soucie sans doute peu de perte ou de l'évolution des choses, mais son oeuvre nous parle beaucoup de la nature humaine, je crois. A ce titre, elle m'inspire un immense respect et parler d'escroquerie de l'instant décisif me semble très exagéré. Par contre, je comprends bien qu'on ne souhaite plus faire les mêmes images aujourd'hui, surtout si on a le sentiment de vivre dans un monde au bord du gouffre et qu'on préfère en conséquence l'engagement d'une action concrète à une réflexion philosophique imprégnée de sagesse orientale.
Marc
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