Auteur: Jimmy Péguet
Date: 01-08-2005 14:58
Les photos de Deep south viennent avant celles du livre précédent qui est un livre extrêmement difficile à regarder et une méditation sur la mort. Je vois dans Deep south bien autre chose que des photographies morbides, j'y vois l'exploration de la mémoire collective, de la culture et de l'histoire d'un lieu. Je relie ce qu'elle fait aux grands écrivains du Sud américain que j'aime profondément, j'y trouve des photos vénéneuses, humides, j'y vois des formes primitives qui remontent de loin, j'y vois un individu s'interroger sur ce qui fait son identité et celle de son pays natal, sur ce qu'il y avait avant lui qui a construit sa culture, sur ce qui viendra après. Le tout avec certainement une forte angoisse qui s'accentue avec l'âge :-) C'est dans ce contexte que je vois par exemple Antietam et les autres champs de bataille de la guerre de Sécession, dont on sait la place qu'ils prennent dans l'imaginaire américain. Il m'a toujours semblé que Mann, y compris dans ses ouvrages les plus connus sur sa famille comme Immediate family creusait toujours le même terrain, photographiait toujours en fait la même chose, l'histoire et les mythes de son pays vus par une WASP bon teint, les racines, la terre et l'eau entremêlées, l'idée d'ancrage et de passage des hommes, sans cacher la présence de la violence et de la mort dans la formation de cette culture, et sur un plan plus personnel l'angoisse qui accompagne l'idée de la mort. What remains me semblait en ce sens un livre chaotique mais courageux : pas facile de parler de ces choses et des les photographier. Ce qui m'intéresse, c'est ce qu'elle va faire maintenant, après What remains.
C'est très vite écrit, il y aurait beaucoup d'autres choses à en dire.
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