Auteur: Emmanuel Bigler
Date: 20-06-2005 20:16
Aucun problème.
Tout cela est très simple.
La profondeur de champ (PdC) c'est par définitiion une certaine portion de l'espace objet qui donne par projection sur le film ou sur le silicium une image « acceptablement nette ».
Avant de parler de profondeur de champ il faut donc préciser ce qu'on appelle « acceptablement net ». Une fois cela accepté, le reste en découle.
Va-t-on comparer un tirage d'amateur 10x15cm vu à 30 cm avec un tirage haute résolution de 50x60 cm pris avec une optique de chambre moderne, en 20x25 cm agrandi avec une machinerie énorme (qu'on donne maintenant à qui veut bien fournir la camionnette et l'huile de coude pour le coltinage) ?
Donc on revient à une définition qui se voudrait la plus universelle de cette netteté acceptable.
On décide entre gens de bonne volonté d'examiner des tirages disons 20x25 cm et de les regarder à l'oeil nu à 25 cm de distance ou ce qui revient au même avec une loupe 1X ou de 4 dioptries.
Ensuite on va définir un cercle de confusion CdC par format sans en changer pour un format donné si on change de focale pour le même format. Autre hypothèse critiquable mais allons-y pour être un classique de chez classique. On décide donc que les différents formats de film ou de silicium seront tous agrandis au même format final 20x25 cm et que l'optique de prise de vue sera pour commencer une focale standard égale à la diagonale du format, et que cette optique fonctionne bien et couvre correctement ce format.
Dans ce cas et sous ces hypothèses, c'est terminé il ne manque pour achever le modèle que de donner une limite de résolution angulaire pour l'oeil. Cette valeur est comprise entre 1 minute d'arc et 2 minutes d'arc. Soyons pessimiste et partons sur les deux minutes d'arc soit 1/1720 en radians.
Partons du format à peine plus petit que 20x25 par contact, pris avec une optique de 300 mm de focale environ (diagonale du 20x25 = 32 cm )
Examinons le tirage à 25 cm ou avec une loupe 1X, par définition : une loupe 1X c'est une loupe de 250mm de focale qui permet devoir à 250mm sans accommoder. Deux minutes d'arc nous donnent, ramenés sur le tirage qui est identique à l'image de départ (puisque par contact) : 250/1720 = 146 microns, on va dire 150 microns pour simplifier, cela fait une nombre entier de millièmes de pouces ;-)
Une autre façon de calculer c'est de repartir de la focale de 300 et de diviser par un certain facteur proche de ce 1/1720 de l'oeil qui va être entre 1/1000 de la focale pour une évaluation laxiste jusqu'à 1/2000 de la focale pour une évaluation très exigeante.
Ensuite on tourne la manivelle pour comparer les formats. Partant d'un CdC de 150 microns en 20x25, avec un 150 sur format 9x12-4x5 on prendra 75 microns puisqu'il faudra agrandir 2X pour amener au format de lecture 20x25, et avec un 75mm en 6x6 on prendra 37,5 microns. Avec ces valeurs on est déjà plus serré que les échelles traditionnelles, celles du Rollei-bi donnent 50 microns de CdC soit f/1500.
Mais le Père Heidecke avait tout prévu : en petites lignes sur ses tables de profondeur de champ, il n'avait pas écrit 'disclaimer' pour se protéger des 'layers' ! mais il a écrit : "en cas de forte exigence de netteté, lire la PdC sur l'échelle correspondant à un diaph plus ouvert, ou à PdC donnée fermer de 1 diaph par rapport à la table" ce qui revient à 50/1,4 = 35,7 microns : nous y sommes !!!
Donc il on voit que les valeurs classiques de PdC et les CdC correspondants sont bons à être critiqués de façon vigoureuse.
Les laxistes les élargiront. Quand on pense à certaines échelles du planar 100 chez un fabricant dont on taira le nom, on rougit de décourvir qu'un CdC insupportable de l'ordre de 75 microns a servi au tracé des sérigraphies de PdC !
Les exigeants réduiront les CdC comme René Bouillot dans son bouquin sur les moyens formats, qui dit simplement : en moyen format professionnel on cherche la qualité maximum, donc on va garder les mêmes CdC que les 24x36 d'amateur avec ses 33 microns.
Pour terminer : une fois le choix du CdC déterminé, là on est pris, c'est H = f*f/(N*c) sous réserve d'absence de diffraction. Et si la diffraction est là.. voyez votre sténopiste habituel pour vous remonter le moral, car les formules classiques sont alors à prendre avec réserve. Pas franchement fausses.. mais... le sténopiste rigole, il s'en moque.
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L'autre approche consiste à partir de l'épreuve imprimée comme Henri Gaud et de l'exigence de netteté liée aux trames d'imprimerie, on peut la quantifier. Et on recalcule en fonction du besoin mais sur des bases techniques liées à l'imprimerie.
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