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 Wouebe ou papier
Auteur: Henri Gaud 
Date:   13-03-2003 14:24

Henri,

"Nicolas, comment mettre un bouquin de 200 pages comportant 600 photos en 300 Dpi sur le wouebe, et le wouebe çà marche parce que c'est gratuit, et je ne peux donner mes livres."
A ce que je vois, vous y aviez déjà pensé !!!! Ne vous en faites pas, ce n'est qu'une question de technique. D'ici quelques temps, cela sera sans doute possible, et dans ce cas là, vous ne penserez même plus photogravure ou CTP... mais tout simplement web ou papier. Vous voyez, si on pousse loin le raisonnement des métiers, c'est le votre (et le mien) celui d'éditeur papier qui disparaitra, et à ce moment là, il sera trop tard pour se dire "mais oui, le métier d'éditeur, celui qui publiait des livres faits de pages de papier existait..." le regretteriez-vous comme certains regrettent les photograveurs ou les chromistes. Il y a certes une évolution naturelle des métiers, mais ayons toujours un œil dand le retroviseur. On sait ce qu'on gagne, on ne sait pas ce qu'on perd !

Quant au 300DPI, de toute façon, on s'en fiche puisque la résolution d'un écran est de 72dpi !

NKT


 
 Re: Wouebe ou papier
Auteur: Henri Gaud 
Date:   13-03-2003 14:37

Bonjour,

Je trouve que c'est un nouveau sujet, donc j'ouvre un nouveau débat.

Nicolas :

Une remarque, une image en 300 Dpi est lue sur un écran, mais pas à la même échelle, ce qui compte c'est la quantité d'informations.

Pour les livres, je suis éditeur mais aussi utilisateur-acheteur de livre, ma bibliothèque perso tourne entre 15 et 20 000 titres et rempli allègrement ma maison, donc je suis un convaincu du papier.

Mais en temps qu'éditeur, seul le sujet de mes livres me remet en cause, pour la production, je choisi la méthode la plus directe, la plus fiable et la moins tributaire des technicien (ces gens là oublient un peu trop souvent la finalité des projets).

Pour cette année (c'est exceptionnel) notre conso de papier atteint 200 tonnes, je peux vous dire que je crois au papier.

HG


 
 Re: Wouebe ou papier
Auteur: alainb 
Date:   13-03-2003 15:03

bonjour,

un ecran ne remplacera JAMAIS un livre ,

un ecran c'est impersonnel

un LIVRE ça a une odeur, une ame . un LIVRE on peux le lire n'importe , on le touche , on peux l'offrir (un bon livre fait toujour plaisir) on peux le preter , on peux se replonger dedans quand on veux .Quand j'achete un livre je le feuillette ,je le lis et apres il va rejoindre les autres livres dans ma bibliotheque .Je ne jette jamais un livre souvent je le relis plus tard .

Alors VIVE le papier VIVE les livres


A plus ALAIN


 
 Re: Wouebe ou papier
Auteur: Nico 
Date:   13-03-2003 15:04

Bonjour à tous!

Je ne sais pas si le sujet est de savoir à quel point on aime ou pas le papier, de toute manière la photographie, même si on fait de l'E6, a quelque chose d'indissociable avec le papier, que ce soit par son histoire, nos habitudes et le fait que jusqu'à présent, il n'y a pas eu beaucoup d'autres media que le papier pour transmettre au mieux les images fixes.

Quant aux 72 dpi, je crois qu'il faut une mise au point: l'un et l'autre, Henri et Nicolas, ont raison: Nicolas quand il dit qu'un écran n'affiche que 72 dpi, Henri quand il dit qu'un écran peut aussi afficher une image à 300 dpi.
Ce qui importe, c'est la destination de ladite image: est-elle destinée à être visualisée uniquement via un écran (utilisation pour les multimedia ou les réseaux)? Dans ce cas, on dimensionne son image aux cotes voulues (genre 800x600 pixels) et en 72 dpi, ce qui facilite d'autant son utilisation.
Par contre, si elle est destinée à être imprimée, dans ce cas c'est différent, l'usage (dinosauresque peut-être) voulant que l'idéal soit qu'elle soit numérisée au double (à peu près) de la linéature de trame (la règle est plus complète que cela, mais l'idée générale est, en gros et prenant en compte une bonne marge d'erreur, celle-ci), ce qui se traduit généralement par des numérisations haute déf' en 300 dpi taille finale.

Si je me trompe, que l'on me le dise!

N


 
 Re: Wouebe ou papier
Auteur: Nicolas 
Date:   13-03-2003 15:17

Henri,

Je suis assez fier que vous ayez récupéré mon post pour en faire un sujet, même si, pour moi, ce post était dans la digne lignée du sujet (feu le sujet) précédent, et qui visait à prouver (comme on a pu le faire à maintes reprises) du danger de l'oubli d'un corps de métier (avec ses connaissances, ses techniques et son savoir-faire) au profit d'une "science éléctronique". Ce que je voulais par cette boutade, c'était montrer que les techniques productivistes peuvent entraver ou enchainer un métier
Bien sûr, je ne vois pas comment vous pourriez oublier le papier. Ma bibliothèque compte, quant à elle environ 2000 ouvrages, mais je doute que nous ayons le même âge. Bref, je suis pour le papier. Mais, sans reprendre le débat précédant, je pense que beaucoup de photograveurs se disaient il y a encore une ou deux petites dizaines d'années qu'ils étaient les maillons forts d'une chaine. Pour l'instant, l'éditeur papier raisonne comme "intouchable" car juste en bout de chaine, avant le lecteur. Mais on n'est pas loin de penser que le web pourrait prendre sa place (la technique aidant - internet est, je pense qu'à son balbutiement). Et qui regardera la trame sur une photo d'écran ? D'une il n'y en a plus et de deux, le lecteur règlera lui même sa TV, son moniteur sur les contrastes qu'il désire (donc, fini le chromiste comme vous le disiez si bien !!!)
Je fais un peu de la science-fiction... mais essayons de nous dire que le papier est présent depuis longtemps (trop longtemps) et que des alternatives arrivent ou sont là... En ce sens réfléchissons sur l'avenir global des métiers du livre, du photograveur à l'éditeur de papier !

NKT


 
 Re: Wouebe ou papier
Auteur: Henri Gaud 
Date:   13-03-2003 16:18

Bonjour,

Nicolas, le fil précédant ne même à rien, car nous ne sommes pas du tout d'accord sur les principe de base.

Pour exemple : je pense que le tout numérique tel que j'ai pu le décrire permet de ramener l'auteur au sens large à sa vrai place et que les softs remplacent les exécutants (y compris le chromiste).
Donc pour moi la technique est libératrice, fini le carcant des techniciens.
Comme on me taxe d'amateur de gigaflop et technicien pour l'amour de l'art, cela me barbe un peu.

Autre raison du changement de fil : je n'ai pas l'ADSL, alors 100 messages c'est long.

Pour mon age, je ne pense pas être un vieillard, mais j'achète des livres depuis mes 14 ans, il y a un peu plus de 30 ans.

Ma motivation est de faire des livres les meilleurs possibles et les moins cher possible pour passer le cap de la concurence du multimédiafastfood.

Pour l'instant j'ai bon espoir, les récentes faillites des boites de multimédiastartup me mettent du beaume au coeur et du coeur à l'ouvrage.

HG


 
 Re: Wouebe ou papier
Auteur: Nicolas 
Date:   14-03-2003 15:16

Bonjour

Désolé il fallait que le les prépare, mes livres... Certes, Henri, la technique réservée aux autres et l'auteur en avant... certes. C ependant, je pense que l'édieteur est un technicien. Avant tout du texte, pour suivre l'auteur (que l'auteur soit écrivain ou photographe ou artiste). L'éditeur est aussi un homme de technique par sa fonction, qui lui incombe de faire un suivi du livre. Pour moi, cela engendre de tout connaître pour pouvoir comprendre ces techniciens qui réalisent sous la houlette de l'éditeur un joli format papier, bien imprimé, avec de belles couleurs. En cela nos points de vue se rejoingent, certes. Mais si vous partez sur une base électronique (je sais que vous taxer d'amateur du gigaflop vous barbe), moi je préfère rester sur une base plus artisanale (comme je l'expliquais dans mes moults mails, afin de pouvoir tout contrôler, de tout voir. En somme d'être omnipotent !).
Cependant, je vois que vous biaisez ma réponse... priez pour que la papier reste dans les 20 ans à venir (surtout 44+20.... on arrive pas à la retraite !!!). Regardez les enfants. Aiment-ils les livres... Donnez leur un palm (e-book) et une pleïade. On verra ce qu'ils choisissent !
Je vous trouve assez méchant de vous réjouir des faillites des médiastartups (comme vous le dites si bien). Et comme je le disais, ça va se tarir lentement (regardez comme je le disais toujours la disparition des e-books lors des deux derniers salons du livre !)

En tout cas, vive le papier, vive la photo sur papier.
Cordialement
NKT


 
 Re: Wouebe ou papier
Auteur: Henri Gaud 
Date:   14-03-2003 16:09

Bonjour,

Je ne pense pas à la retraite étant mon propre patron, la retraite est une autre affaire.
L'editeur est un technicien sans machine, il a une technique mais aucune technologie, cela est très bien.
C'est le technicien à technologie qui me fatigue un peu ?!
Pour la part artisanale, oui bien sur, mais sur de la hightech, mon entreprise brasse trop d'image pour les vieilles technologies et nos projets à venir sont de pire en pire, trop d'images, trop de pages.

Mais il serait absurde de voir en moi un ennemi du papier, je vis dans une maison en pierre, avec des bibliothèque remplies de bouquin, je n'ai ni la radio, ni la télé et les ordi restent au bureau, je suis un militant du papier.

Mais pour le produire et le vendre ce livre en papier, il ne faut pas faire dans le détails et les états d'ames des techniciens technologiques, et bien c'est fini plus le temps et pas de médecin sous le coude.

HG


 
 Re: Wouebe ou papier
Auteur: kurr 
Date:   14-03-2003 17:58

Bonjour,

Moi je dis vive le papier, vive le web, vive ma femme et ma fille, vive la prospérité et la facilité d'accès à tous.
Pourquoi choisir ?

Attention, Messieurs-dames (il y en a ?), HG va biaiser : le technicien qui technicie sans trop de technique si ce n'est la pointe de la technique…je jette l'éponge…

Je suis bien d'accord avec HG, aux diables les vieilles technologies, et tous ces vieux puristes dépassés, il faut liberer l'image de ces photographes-dinosaures qui prétendent maîtriser ces p'tites boites noires, je vais de ce pas m'acheter n'importe quel boitier et hop à moi le marché ! Va falloir revoir les prix !
Un conseil d'achat, un truc sympa et pas cher ?

Merci à ce forum qui a déclenché en moi l'envie de déclencher !

SK


 
 Re: Wouebe ou papier
Auteur: Henri Gaud 
Date:   14-03-2003 18:22

Bonjour,

Kurr, il n'y a pas besoin de permis pour acheter un boitier, on peut même vous donner des tuyaux, si si sans problème.

Ne jettez pas votre éponge, çà sert pour les retouches de plaque.

De la technique sans technicien, çà existe, voyez votre voiture, çà marche et le paysage est très beau par la fenêtre et plus de cambouis sur les mains, et bien le monde graphique, c'est cela bientôt, du créatif sans contrainte (si financières, mais ce n'est pas nouveau), des livres sans techniciens, et surtout sans le pouvoir des techniciens, des auteurs leurs délires et des machines, si c'est pas beau le futur.

Mais vous venez quand vous voulez, si si j'insiste.

Et un petit slogan : Non aux dictats des techniciens et leurs technologies.

HG


 
 Re: Wouebe ou papier
Auteur: Nico 
Date:   14-03-2003 18:44

Bonsoir à tous,

Eh bien je vois que c'est reparti pour un tour! Vous nous en mettrez deux cents du même acabit, cette fois? :-)

J'aime beaucoup cette image d'un monde où l'idée est libérée de toute contrainte matérielle, une image aussi belle que celle du village global qui a miroité aux yeux de mes aînés, ou celle de l'internet libre abolissant les frontières… Vous avez raison, quelque part, Henri, il faut savoir assumer ses utopies (et je ne plaisante pas).

Ceci dit, si vous, vous l'assumez, ce n'est pas le cas de tout le monde. La technique sera toujours là, le technicien itou, peut-être plus au premier plan, mais quand même. C'est un peu comme ce qui a guidé la conception du Macintosh: une interface claire, intuitive, où on ne réfléchit pas, on ne s'embarasse pas de jargon ou de lignes de code, on a affaire à des concepts clairs et précis, etc. Malgré tout, la technique est là et se rappelle de temps en temps à notre mémoire (et hop, une petite bombe! Et hop, un écran figé! Et hop, un kernel panic!), et avec elle son florilège de misères, dont le technicien…

Et ce qui est valable pour le Macintosh (que j'apprécie énormément, n'allez pas interpréter bizarrement ce que j'écris) l'est autant pour des procédés photographiques ou d'impression, non? Sauf que quand votre agrandisseur vous fait une misère, il est souvent possible d'intervenir sans appeler le service technique, maintenant si votre installation de PhotoConvertSoft Pro en version 12.5 vous faisait perdre vos données antérieures, que faites-vous? Je crois que c'est encore pire car on n'a plus de rapport tangible avec les données que l'on manipule, et le fait d'escamoter les chaînes de production, de supprimer des opérateurs humains, fait qu'on se retrouve tout seul dans la panade, tout seul à se démener, bref, tout seul.

Où est le progrès?

Sur ce, bon vent!

N


 
 Re: Wouebe ou papier
Auteur: Nico 
Date:   20-03-2003 09:20

Bonjour à tous,

Malgré le peu d'interventions, je trouve que le sujet de ce post devrait être débattu.

Il représente un peu une sorte de nouveau Les Anciens contre les Modernes, avec toutes les contraintes liées à un débat passionné et souvent peu pragmatique.

Si on essayait de l'être (pragmatique)? De manière globale, dans le monde qui est le nôtre et où la technique, la sophistication, en plus d'être très présentes, sont galopantes, on peut constater pas mal de choses:
- le vinyl n'est pas mort du fait de l'arrivée du CD ou du peut-être futur mort-né SACD; les DJs, par ailleurs grands consommateurs de samplers, échantillonneurs et autres outils électroniques ou informatiques, sont également grands consommateurs de vinyls, preuve, s'il en était besoin, qu'il est possible de concilier plusieurs techniques éloignées de dizaines d'années;
- l'arrivée de l'autofocus n'a pas signifié le départ des rampes de mise au point manuelle; malgré ses errements de jeunesse, ce système (l'autofocus) fait ses preuves, pour autant il n'est pas mort le dernier utilisateur d'optiques AIS ou CF! Et combien nombreux sont ceux qui font toujours le point sur leur EOS, autre exemple de conciliation des techniques et des habitudes;
- dans un monde qui nous rapproche du sujet du post, je constate l'émergence, pas nouvelle, d'un format très apprécié autant du graphiste que de l'imprimeur que de l'utilisateur-butineur à la recherche d'infos sur les réseaux: le pdf, qui permet, avec les réglages ad hoc, de publier sur Internet un contenu éditorial. A ce sujet je crois qu'Henri pourrait trouver une solution, ou au moins une piste, s'il envisage de mettre en réseau ses pages ou ses images.

Les exemples (tout comme les contre-exemples, certainement!) abondent, et c'est une sentence de commerciaux que de dire qu'un clou chasse l'autre: on ne fait pas (malheureusement?) aussi facilement table rase d'usages ou de techniques; à nous, surtout sur ce forum où priment, je crois, la qualité et l'idée, de savoir reconnaître les qualités de part et d'autre de la frontière que semblerait avoir tracé le numérique.

Sur ce, à vous les studios!

N


 
 pour en finir
Auteur: richard 
Date:   20-03-2003 16:45

Une journée au royaume du « Chapelier Fou »

JE SUIS INGÉNIEUR SYSTÈME... JE SAIS ! JE NE DEVRAIS PAS M'EN VANTER

PAR un anonyme



Lorsqu'on me demande quel est mon métier il m'arrive de plus en plus souvent de répondre « je suis dans l'informatique ». Cette vague formulation a au moins le mérite de m'éviter la lueur de haine méprisante qui apparaît instantanément dans l'oeil de l'interlocuteur le mieux disposé au simple énoncé de mes coupables occupations. Je suis lâche. La prochaine fois je répondrai tueur à gages, le relâchement des moeurs étant ce qu'il est, cela devrait moins choquer.

C'est un métier gratifiant à bien des points de vue, c'est vraisemblablement le seul où le néophyte total, celui qui vient d'ouvrir son premier carton d'ordinateur se sent en mesure de vous expliquer votre métier dans le quart d'heure qui suit le montage de sa bécane.

A ma connaissance conduire une voiture ne transforme personne en mécanicien, pas plus que raboter une porte ne fait de vous un ébéniste, mais taper sur un clavier fait de tout un chacun un informaticien. On n'arrête pas le progrès.

N'allez surtout pas croire que je veux garder pour moi les clés du savoir et en tenir éloigné le vulgum. Que je regrette le temps ou les ingénieurs système détenaient le pouvoir abrités derrière leurs incantations absconses. Nenni. Bien au contraire, étant d'un naturel assez paresseux, pour ne pas dire d'une fainéantise crasse, je préfère de très loin un utilisateur qui se débrouille sans moi. Mais je reste persuadé qu'informaticien c'est aussi un métier.

Par contre je regrette - parfois - le temps où le métier consistait à surveiller un Vax, ceux qui ont connu cela savent à quel point c'était reposant, ou alors à rebooter une station Unix tous les trente six du mois pour justifier son existence.

Avec l'arrivée des PC et surtout de Windows nous sommes entrés de plain-pied dans ce que l'on pourrait appeler l'ère du « Chapelier Fou », c'est à dire l'irruption de l'irrationnel dans ce qu'il a de plus poétique et de moins maîtrisable au beau milieu d'un monde jusque là bien tenu. En vertu d'un darwinisme élémentaire il a bien fallu s'adapter. Aujourd'hui être ingénieur système dans le monde merveilleux de PetitMou, c'est être un hybride monstrueux, un mélange aussi subtil qu'indéfinissable de chaman, de Ménie Grégoire, de Dédé la Bricole, de Bobologue, de charlatan et de psychopathe.

Je ne remercierai jamais assez Bill Gates pour avoir transformé un métier relativement terne et basé sur une approche bêtement technique et rigoureuse des faits, en challenge quotidien, nécessitant une remise en question permanente à l'échelle du quart d'heure.

Quoi de plus stimulant sinon de savoir que résoudre un problème en aucune façon enrichir ce qu'il est convenu d'appeler l'expérience, puisque le même problème nécessitera lorsqu'il se posera à nouveau une solution radicalement différente. On évite ainsi la sclérose intellectuelle consécutive aux automatismes.

Résoudre un problème nécessite une imagination à côté de laquelle le récit d'un trip sous champignons hallucinogènes pourrait passer pour le compte-rendu de l'assemblée générale des actionnaires de la Société Nouvelle des Aciéries Mouchabeuf. Le cartésianisme n'est pas un atout mais un grave handicap vous empêchant d'aborder les hypothèses les plus farfelues. Et il faut bien cela quand après avoir éliminé les causes raisonnables de dysfonctionnement vous êtes amené à envisager le reste, qui se situe généralement tout de suite entre les histoires de petit lutin et la quatrième dimension. La seule chose que je me refuse encore à pratiquer c'est l'imposition des mains et le voyage à Lourdes, plus par réaction de mécréant que par doute quant à l'efficacité des méthodes en question. je sens qu'avec l'arrivée de Windows 98 il va me falloir opérer une révision déchirante quant à mes convictions profondes.

Quand je pense que certains recherchent les paradis artificiels, et que l'on me paye pour être en état perpétuel d'hallucination. La vie est bien injuste, allez.

Tout cela serait finalement bien monotone s'il n'y avait l'utilisateur, car il existe l'utilisateur, c'est vous et moi. Victime d'une intoxication à l'échelle planétaire, d'un gigantesque et collectif lavage de cerveau il s'imagine qu'il va pouvoir tirer quelque chose de sa bécane, être productif, voire même dans les cas les plus graves envisager un retour sur investissement.

Aujourd'hui l'utilisateur perverti par des slogans pernicieux du style « Jusqu'où irez vous ? » exige que ça marche, et c'est bien là où tout se gâte, le décalage entre cette légitime attente et ce que l'illuminé de Redmond est capable d'apporter me déprime. « Jusqu'où irez vous ? », jusqu'à l'asile le plus proche sans doute.

Comment voulez vous qu'un truc qui est à un système d'exploitation ce que Mireille Mathieu est à Edith Piaf, ce bricolage improbable écrit avec les pieds par une nuée de pervers schizoïdes puisse fonctionner.

Le mensonge le plus grossier colporté par les sectateurs microsoftiens est celui selon lequel un PC convenablement équipé de l'inénarrable Windows et du fourbi Office, dont j'ai oublié le millésime car il change en permanence, fonctionnerait seul et sans assistance.

Le récit d'une journée ordinaire au royaume du « Chapelier Fou » contredit quelque peu cette idyllique vision du meilleur des mondes possible. Ce doit être une question de numéro de version, sans doute.

Mardi 8 heures

Le calme avant la tempête, je peux l'esprit en repos me consacrer à un projet qui me tient à coeur ; émuler une calculette quatre opérations sur un Vax de la série 8000. Je tenterai l'inverse dès que j'aurai mené à bien cette partie.

Mardi 9 heures - Un premier coup de téléphone laconique, « Tu peux venir jeter un coup d'oeil, mon PC est bloqué », sous cette apparence anodine peut se dissimuler le cauchemar le plus absolu, les raisons qui peuvent amener un PC à se bloquer sont légions, la première étant d'appuyer sur le bouton marche. Je suis d'autant plus inquiet que mon client est un dingue de la vitesse. C'est un peu l'équivalent du chauffard , il parle de bus AGP là où les autres parlent de carburateur double corps, mais la démarche est la même, aller le plus vite possible en semant la terreur sur son passage. Profitant d'un instant d'égarement de son chef de service il a réussi à se faire payer le dernier Pentium à 333 Mhz, ce qui lui permet de gagner cinq secondes sur la mise en page de sa feuille de calcul. C'est comme on le voit une avancée considérable à la mesure de l'investissement consenti. Je le trouve un peu déprimé car on annonce déjà le Pentium à 400 Mhz ou plus et il contemple avec amertume ce qu'il considère déjà comme l'équivalent d'une caisse à savon.

J'essaye de le réconforter en lui disant qu'avec la bête qu'il possède il devrait éviter d'ouvrir deux fenêtres en même temps pour ne pas faire de courants d'air. Une boutade bien innocente, c'est le côté Ménie Grégoire de la profession, mais je sens bien qu'il n'y croit pas. Les grandes douleurs sont souvent au delà des mots.

Mais revenons à nos moutons, PC bloqué. Effectivement passé le démarrage tout ce que nous obtenons c'est un sablier désespérément figé, je suis tenté de répondre que c'est parfait pour faire des ?ufs à la coque mais quelque chose dans son air égaré me dit que je ferais aussi bien de me taire. C'est alors que j'envisage du coin de l'oeil un CD-ROM offert par PC truc « Mesurez les performances de votre PC », eh oui ça ne sert à rien d'aller vite encore faut-il pouvoir l'exprimer en Business Graphics, WinMark 98, High End Disk WinMark 98 et autres CPUMark32, c'est requis pour humilier à l'heure du café les ploucs avec leurs Pentium 133.

Je lui demande si par le plus grand des hasards il n'aurait pas monté ce truc là sur sa machine, je connais la réponse. Il est d'ailleurs mentionné en tout petit sur le CD que l'installation de cette suite de tests devrait être effectuée sur une machine quasi vierge et pas sur un système normalement opérationnel, « cela pouvant provoquer des dysfonctionnements ». Des « dysfonctionnements », tu l'as dit bouffi.

Diagnostic ; je t'envoie quelqu'un pour te remettre un système d'équerre celui-ci étant parti en villégiature à la campagne, pour une durée indéterminée. Rendez-vous est pris pour la parution du prochain CD de tests de PC machin. Au suivant.

Mardi 10 heures - Juste le temps de constater le plantage d'un serveur NT. Quelqu'un a vraisemblablement éternué devant, c'est très sensible comme système. Bon, reset, redémarrage, la routine quoi. Deuxième coup de téléphone « Tu n'aurais pas cinq minutes des fois, il se passe parfois des chose curieuses sur ma machine ». Connaissant mon correspondant, la seule chose curieuse dans tout cela c'est le parfois, il est stupéfiant que ce ne soit pas toujours.

C'est qu'il s'agit de la variété dite de « l'esthète taquin », épouvanté par l'uniformité il a installé sur sa machine tous les thèmes possibles, le pointeur de souris est un calamar, le sablier une horloge Comtoise, l'économiseur d'écran qui se déclenche toutes les minutes est un jeu de baston intergalactique avec force sifflements et explosions. Car il a bien évidemment une carte son.

C'est indispensable pour reproduire le rire de Johny Hallyday selon les Guignols de l'info, rire qui accompagne les messages d'avertissement. Tout cela est un peu perturbant. Ayant de surcroît accès à l'Internet il a récupéré et installé tous les sharewares possibles, il n'y a plus aucune piéce d'origine sur sa machine, il a tout remplacé et il est seul à pouvoir s'en servir. Il est assez surprenant qu'il ne soit obligé de rebooter sa machine qu'une fois par heure. Je suis peut-être injuste envers PetitMou.

A l'intérieur de tout grand logiciel il en existe plusieurs petits qui ne demandent qu'à sortir, là c'est la grande évasion, il suffit de coller l'oreille contre le boîtier pour les entendre se carapater. Tout ce joli monde doit se battre en permanence pour prendre le contrôle du système. C'est un cas désespéré. Je m'en sort lâchement en lui disant d'aller récupérer sur www.crap.com la dernière version de son anti-virus/gestionnaire de fichiers/explorateur/compacteur/logiciel de sauvegarde/éditeur de textes/navigateur internet, et me tire vite fait sans toucher à la souris de peur de déclencher un Tchernobyl dans sa machine. Au suivant.

Mardi 11 heures - De retour dans mon bureau je constate le plantage d'un autre serveur NT, par solidarité avec le premier sans doute. L'instinct grégaire ou le début d'un mouvement de revendications. A surveiller. Autre coup de téléphone, en provenance d'une espèce bien particulière, la variété qui se shoote à la presse informatique, on ne dira jamais assez les ravages que cela peut provoquer. Stratège planétaire, il m'explique comment l'introduction de Java dans les entreprises va révolutionner la façon dont nous envisageons l'informatique. Comment Sun va bouffer Microsoft à condition qu'Oracle s'allie avec Apple et que Compaq ne vienne pas jouer les trouble-fête. Il me prédit la mort prochaine d'Intel victime de ses challengers, et écrasé sous son gigantisme. Au bout d'un moment atterré par toutes ces apocalypses à venir, je ne sais plus très bien où j'habite et c'est légèrement comateux que je raccroche en espérant ardemment que tout cela voudra bien patienter jusqu'à ma retraite.

Mardi 13 heures - Coup de téléphone angoissée en provenance d'une secrétaire, « Quand je lance mon Word avec un document que j'ai tapé hier, j'ai le message suivant ; cette application va s'arrêter car elle a effectuée une opération non conforme », je suis tenté de lui répondre qu'il s'agit là d'un fonctionnement normal de l'application, mais je m'abstiens. Son désarroi est sincère et la perte de plusieurs heures de travail ne porte pas à rire.

Bon en route vers de nouvelles aventures. Cette charmante personne au demeurant, appartient à la catégorie de ceux qui considèrent l'introduction de l'informatique dans leur quotidien comme une calamité. L'espèce de truc ronronnant qu'on lui a posé sur son bureau est pour elle, visiblement habité par un esprit hostile et rebelle à toute collaboration avec le genre humain. Elle a bien essayé de l'apprivoiser en le banalisant, en installant un pot de fleurs sur le boîtier et la photo de ses gosses sur l'écran, mais rien n'y fait, habité d'une vie propre il s'ingénie à lui pourrir l'existence.

Elle serait je crois soulagée, si je suspendais des gousses d'ail et des crucifix au plafond et aspergeait sa machine d'eau bénite, c'est le côté chaman de la profession.

A la vingtième tentative je réussis à charger son document sans déclencher l'infâmant message de vacances pour cause de non conformité des opérations effectuées par l'application, il s'agissait d'un tableau coupé par un saut de section, quelque chose de tellement grave selon Microsoft que cela méritait un plantage radical. Peut-être qu'une destruction totale de la machine aurait été plus appropriée, je les trouve un peu laxistes ces temps ci. Problème corrigé. Au suivant.

Mardi 15 heures. - De suivant il n'y en eu point ce jour là, je terminais ma journée tranquillement entre deux reboot de serveur NT, et mes travaux sur la reconversion d'un Vax en calculette.j'en étais à la soustraction, je ne désespérais pas d'arriver à la division à l'horizon 2005. J'aurai certainement besoin de 512 mégas de mémoire vive supplémentaire pour l'implémenter, c'est le directeur financier qui va encore râler.

C'est une certitude demain amènera son nouveau lot de victimes. Si tous ces gens savaient qu'au fond je ne maîtrise guère plus qu'eux tout cela, que le métier est de bien peu de secours quand Word ou Excel ou que sais-je se bauge lamentablement, que le temps ou une entreprise vivait sur des applications maisons est définitivement révolu.

Bah je fais comme si je dominais, c'est ce qu'ils attendent de moi, c'est le côté charlatan du métier. Et puis ils ont au moins quelqu'un d'identifié à engueuler.

Quant à moi je m'endors tous les soirs en rêvant aux tortures que je ferais subir à Bill Gates s'il venait à me tomber sous la main. C'est le côté psychopathe du métier.

PS :

Copyright © qui sait... Ce texte est devenu anonyme probablement du seul fait d'avoir circulé sur le Net, y « perdant » au passage toute référence sur ses origines... seule quasi-certitude, il fut publié dans un magazine informatique français.


 
 Re: Wouebe ou papier
Auteur: kurr 
Date:   20-03-2003 18:14

Bonjour,

je crois que ce texte date mais il est toujours excellent, preuve que ça n'a pas beaucoup changé ! (je connais ce genre de situation)

j'ai bien ri…

HG disait " Mais vous venez quand vous voulez, si si j'insiste" : je suis désolé je suis non-violent, je ne cherche plus les coups !

Pour ce débat c'est sans doute trop vaste, car à part quelques personnes contradictoires, il me semble qu'on est forcément pour les nouvelles techno si elles servent la qualité. Il faut juste ne pas se laisser berner par les commerciaux (et les médias) qui font croire qu'un "clou chasse l'autre".

Pour moi il y a 1 danger : lorsque tout lemonde peu scanner, retoucher, faire la pao, faire des photos, etc …, alors on ne fait plus trop attention avec quoi (softs) sur quoi (hardware) ce qui laisse la place aux loups comme le projet Palladium et autres contrôles de votre espace privé.

SK


 
 Re: Wouebe ou papier
Auteur: David F 
Date:   21-03-2003 12:10

Bonjour,

Je reste trés critique en général sur la "mode numérique" dans la photographie, car je pense que le "virtuel" a trop de lacunes au niveau technique.

Cela dis, mes critiques sont orientées envers les personnes visiblement induites en erreur par leur non connaissance des lacunes graves de ces nouvelles technologies. Je ne condamne pas la technique en soit, mais l'utilisation "naive" qui en est faite, utilisation naive induite par un marketing qui oublie systématiquement de présenter les défauts de ces nouvelles technologies, c'est pourquoi je parle de "mode".

En ce qui me concerne, je suis un oportuniste heureux.

En effet, je suis jeune photographe à mon compte, et le numérique m'a permis d'exploiter une "niche" qui était totalement inexploitable en photographie argentique...
Ce travail "alimentaire" va me permettre de financer mon travail artistique "ultra traditionnel" qui reste ma principale motivation.

Je pense également que l'édition papier en photographie à de beaux jours devant elle, le livre d'art "objet", comme toute image sur support traditionnel, prennent ainsi une nouvelle "valeure" qui sera de plus en plus prisée face aux nouvelles technologies...

La photographie traditionnelle noir et blanc est ainsi de plus en plus reconnue comme un "art majeur" par les "consommateurs", et cela, en tant qu'artiste, me ravis.

Salutations Argentiques,
David F




 
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