Auteur: jfl
Date: 09-03-2005 10:16
Extrait du Pendule de Foucault d'Umberto Eco
"Il ouvrit tout grands et théâtralement les battants, nous invita à venir voir et nous montra, au loin, à l'angle de la ruelle et des avenues, un petit kiosque de bois où se vendaient probablement les billets de la loterie de Merano.
« Messieurs, dit-il, je vous invite à aller mesurer ce kiosque. Vous verrez que la longueur de l'éventaire est de 149 centimètres, c'est-à-dire un cent-milliardième de la distance Terre-Soleil. La hauteur postérieure divisée par la largeur de l'ouverture fait 176 : 56 = 3,14. La hauteur antérieure est de 19 décimètres, c'est-à-dire égale au nombre d'années du cycle lunaire grec. La somme des hauteurs des deux arêtes antérieures et des deux arêtes postérieures fait 190 x 2 + 176 x 2 = 732, qui est la date de la victoire de Poitiers. L'épaisseur de l'éventaire est de 3,10 centimètres et la largeur de l'encadrement de l'ouverture de 8,8 centimètres. En remplaçant les nombres entiers par la lettre alphabétique correspondante, nous aurons C10H8, qui est la formule de la naphtaline.
- Fantastique, dis-je, vous avez essayé ?
- Non, dit Agliè. Un certain Jean-Pierre Adam l'a fait sur un autre kiosque. J'imagine que tous les kiosques de la loterie ont plus ou moins les mêmes dimensions. Avec les nombres on peut faire ce qu'on veut. Si j'ai le nombre sacré 9 et que je veux obtenir 1314, date du bûcher de Jacques de Molay date chère entre toutes, pour qui, comme moi, se déclare fidèle à la tradition chevaleresque templière - comment fais-je ? Je le multiplie par 146, date fatidique de la destruction de Carthage. Comment suis-je arrivé à ce résultat ? J'ai divisé 1314 par deux, par trois, et cetera, tant que je n'ai pas trouvé une date satisfaisante. J'aurais tout aussi bien pu diviser 1314 par 6,28, le double de 3,14, et j'eusse obtenu 209. Eh bien, c'est l'année où Attale Ier de Pergame entre dans la ligue antimacédonienne. Satisfaits"
Sinon, je vous conseille un peu de lecture comme
"Les inattendus mathématiques : Art, casse-tête, paradoxes, superstitions de Jean-Paul Delahaye
"Le nombre d'or" de Marguerite Neveux,
Le livre de Neveux est très bien, vous y apprendrez (entre autre):
- Le nombre d'or dans l'art c'est du pipo (sauf certains cas bien particuliers)
- Le nombre d'or est à l'origine de thèses racistes (perfection du corps). Des
"études" on essayées de montrer la supériorité de la race blanche en calculant
ces rapports à la con. Pour information Léonard de Vinci, ne fait pas mention du
nombre d'or mais du fait qu'un corps s'inscrit dans un cercle (ça change tout).
- Le nombre d'or, si on s'y met ce n'est pas difficile de le trouver (généralement le rapport 8/5 est confondu avec le nombre d'or). D'où la confusion: le nombre d'or est présent en architecture alors que ce n'est que le rapport 8/5 et non 1,618 .. (le repport 5/3 fonctionne aussi)
- Que le nombre d'or est un délire aux sources germaniques qui date de la fin de
XIXe et qui a été amplifié par M. Ghyka
- ....
Jean-François
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