Auteur: Arthur Delabie
Date: 06-03-2005 19:48
Tout va très bien Madame la Marquise !
J’ai choisi le titre de ce fil parce que j’aime la cohérence plutôt que d’avoir raison. Ceci s’inscrit dans la suite du fil « Juste pour méditer ». Pour ceux qui ne connaissent pas la vieille chanson qui porte ce titre, il s’agit de l’histoire d’un valet qui doit annoncer à sa patronne marquise que le château brûle mais n’ose pas l’annoncer tout de go et, pour cela, expose la mauvaise nouvelle pas petits morceaux. Il y a une certaine analogie entre cette situation et celle que j’observe sur ce forum.
D’une part, je lis énormément de messages imprégnés d’anxiété, suite à la disparition annoncée ou effective de telle marque, tel produit ou telle technologie (voir Bronica arrêté, Hasselblad aux abois, Agfa en difficultés, Contax moribond, Leica en sursis, Ilford en survie, Kodak en mutation, etc.), avec des questions du genre « Dois-je stocker du film ? », « Où me procurer tel papier, chimie, etc. ? », « Où trouver un labo qui délivre des tirages N&B de qualité ? », etc. Interrogations toutes en rapport avec l’avenir de l’argentique.
D’autre part, je lis également des messages se voulant rassurant dans la ligne « Il n’y a jamais eu une telle profusion de surfaces sensibles et de matériels à bons prix, pas besoin de s’inquiéter, ni de s’exciter, … ».
Le plus incompréhensible (pour moi du moins, je l’avoue humblement) est que ce sont parfois les mêmes auteurs qui sont à l’origine de ces deux types de messages, paradoxaux dans leur contradiction.
Ma modeste analyse est la suivante : nous vivons une période charnière entre plusieurs systèmes (de photographie), ce qui se caractérise par leur coexistence, d’où la profusion générée à la fois par la persistance des « anciennes » technologies et l’introduction des nouvelles. Ceci est trivial et a déjà touché de nombreux secteurs.
Par contre, dans notre secteur, le recul manque encore pour dire à quel degré et sous quelle forme la photo argentique va survivre, d’où le moment de grâce que nous vivons et pendant lequel (jusqu’à quand ?) tout est encore (presque) disponible. Rappelons-nous, il n’y a pas si longtemps (20 ans), les platines TD équipées des excellentissimes bras de lecture SME ou de celles à bras tangentiels. Au moment de la commercialisation des premiers lecteurs CD, ces platines se vendaient encore, et maintenant ? Elles existent (existent-elles ?) dans un marché de niche, dit pour « audiophiles », mais fabriquées en très petites séries, donc à des prix exorbitants.
En conclusion, je pense que c’est vers ce type de configuration que va s’orienter la photographie argentique : un marché de niche pour vieux connaisseurs. Je dis « vieux » parce que les jeunes utilisent les technologies contemporaines de leur génération, donc numériques, à l’exception des jeunes curieux et des jeunes nostalgiques d’un passé qu’ils n’ont jamais connu.
Alors, tout va très bien Madame la Marquise ?
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