Auteur: Jean-Louis Llech
Date: 26-01-2005 12:45
A côté de ce qui se passe dans la libre Amérique (du Nord), vos mésaventures, mes chers amis, c'est "Casimir au pays des rêves".
Parce qu'en plus, là bas, la menace n'est pas restée virtuelle. Je ne veux bien sûr pas minimiser des évènements aussi tragiques que les attentats du métro Saint Michel, ou d'autres, mais du temps s'est écoulé, et à part les victimes directes, les gens semblent avoir plus ou moins rangé ça dans un coin de leur mémoire.
La nation américaine a une longue tradition militaire et guerrière, mais pour l'essentiel, c'était chez les autres.
Aussi, quand pour une des premières fois le 11 septembre la guerre a été portée sur leur sol, cela a fait rejaillir tous les vieux démons de la peur, du racisme, de la méfiance envers l'étranger ou l'inconnu.
En France, je dirais que nous sommes davantage "vaccinés". Nous avons subi plusieurs guerres, des occupations, des attentats pendant la guerre d'Algérie, maintenant des attentats en Corse. Et bien que les traumatismes subsistent encore dans notre inconscient collectif, ces réactions vis à vis de "l'inconnu avec son appareil photo" ne revêtent pas la même ampleur et restent heureusement assez ponctuelles.
Nous ne sommes jamais arrivés en France à leur niveau de psychose : le photographe semble être devenu là-bas une menace par définition.
Pour en parler assez fréquemment avec des photographes vivant aux USA, les dénonciations et les alertes sont régulières. Non pas comme une réponse à une menace imminente, mais comme une sorte de devoir civique, un jeu malsain qui consiste systématiquement à prévenir les autorités dès que quelque chose d'inhabituel survient.
Personne là-bas n'hésite plus à appeler la police pour signaler le manège d'un quidam quelconque, avec ou sans appareil photo, et aucune représaille n'est à craindre. Au contraire, le plus souvent, les autorités tolèrent et encouragent ce genre d'agissements, qui est devenu une forme auxiliaire de lutte contre le terrorisme.
Les autorités comptent sur le "civisme" de la population, et flattent ces réactions de peur. Quant à l'efficacité de ces comportements, c'est autre chose.
Si en France quelqu'un passait son temps à appeler la police pour dénoncer tout ce qui bouge, du livreur de pizzas à la personne qui rend visite au voisin, je pense qu'il serait rapidement calmé et rappelé à plus de discernement.
Dans un groupe de touristes, le petit appareil photo numérique n'inspire souvent que de l'indifférence, (c'est ce que je ferais si j'étais un terroriste : rester dans un groupe de touristes) mais le photographe isolé qui déballe son matériel est instantanément dénoncé, harcelé, et dans le meilleur des cas, on lui intime l'ordre de dégager. Tôt ou tard, il y aura bien un cinglé qui ouvrira le feu.
Chez nous, il y a bien sûr des cas isolés, mais encore rien de systématique. Mais ça peut venir. Déjà, à Paris, certains endroits deviennent des "no photographs land".
Aussi, je songe de plus en plus sérieusement à composer un recueil condensé des principaux textes législatifs et réglementaires régissant les droits du photographe, que ce soit vis à vis des autorités, des propriétaires jaloux de leur maison, ou de tous ceux qui pour une raison ou une autre, surgissent pour vous interdire de photographier, comme les vigiles de sociétés privées. En France, rien de tel que de citer les références d'un texte de loi pour calmer les esprits.
Si quelqu'un a déjà entrepris ce genre de recherche, j'aimerais bien pouvoir en parler avec lui. Je voudrais sortir une petite plaquette téléchargeable, résumant les principaux textes protégeant le droit de photographier.
|
|