Auteur: Emmanuel Bigler
Date: 14-01-2005 09:44
Question délicate surtout dans un diagnostic en aveugle comme on les aime bien ;-) Allez, c'est encore parti pour une page A4 en corps 10 ;-) 'fallait pas poser la question m'sieur l'Abbé ;-)
On pourrait déjà commencer par ce que prédit la théorie géométrique classique pour essayer de trouver où elle tombe en défaut. Déjà donner le pas de la grille de pixels du 1DsMkII...
(comme il y a eu le spitfire MkI avec 600 chevaux et sa bipale en bois à pas fixe, on est allé avec la même voilure elliptique merveilleuse jusqu'au MkXX avec le Griffon de 2000 chevaux et l'hélice à cinq pales !! je souhite un avenir aussi brillant au Canon reflex silicium plein format, mais il fut surclassé un jour par le Pi-fifty-ouanne à pistons et par le Me 262 à réaction ! ;-) )
...et le pas de grille du dos Leaf.
Comme le nombre total de pixels est en gros le même avec des formats presque similaires en allongement (pas tout à fait), en gros le rapport des pas de grille est égal au rapport des diagonales 80/43. Dans ces conditions si les tirages sont examinés à même surface finale, la théorie classique suggère de mettre à l'échelle les cercles de confusion dans le même rapport 80/43.
Dans ces conditions, l'hyperfocale classique H = (f*f)/N*c) ne varie plus que comme f/N. Si N est le même (ouverture numérique) l'hyperfocale est d'autant plus lointaine que f est grand, et donc la PdC diminue (attention à ce faux paradoxe !).
Essayons de faire une liste la plus ouverte possible des hypothèses classiques de la théorie géométrique pour voir celles qui pèchent (n'est-ce pas, M. l'Abbé ;-)
- "cercles" de confusion : aucun sens sur une image échantillonnée a priori, sauf qu'on la regarde à l'oeil avec un système optique à trame aléatoire... donc la limite de l'oeil à part un cercle de 1 minute je ne vois pas trop ce qu'on peut en dire, si ce n'est donner une fréquence de coupure pour l'oeil pour être faussement rigoureux! mais on a le droit de parler de période de coupure pour l'optique et pour le détecteur, pour ce dernier c'est simplement le double de la période des pixels. Théoriquement (1/66 pl/mm) = 15 microns pour un pas de grille moitié soit 7,5 microns environ dans le défunt 1DsMkI ; une petite règle de trois nous suggère 80 pl/mm pour le capteur 16 Mpix du 1DsII soit un pas de grille de 12/2 =6 microns. Le pas de grille du dos Leaf doit être en gros 6*80/43 soit 11 microns, le rapport des pas de grille et donc le rapport des périodes de coupure suit la même loi que la traditionnelle notion des cercles de confusion, rond ou carré ne font rien à l'affaire dans une comparaison.
Ajoutons que dans le modèle simplifié du cercle de défocalisation géométrique prédit un modèle très simple avec un premier zéro de la FTM pour une période de 0,8c où "c" est le diamètre de tache de défocalisation... mais la courbe est bien plus compliquée que celle de la limite de diffraction, je soupçonne que l'échantillonage d'une image défocalisée est la source d'artefacts. Bon passons.
- validité du modèle géométrique. Quelle est la dimension d'image finale et comment est-elle observée ? à la loupe ? à l'oeil nu ? à quelle distance ? la limite de PdC visible sur les images correspond-elle vraiment à un fort défaut de mise au point pour lequel le modèle du cercle de défocalition géométrique est valable, ou bien est-on déjà dans un régime où la tache de défocalistion mélange diffraction et aberrations résiduelles ?
Je n'ai aucune idée de la pertinence de ce deuxième point mais nous avons abordé via une question de David Giancatarina les possibles limites du modèle classique de PdC dans certains optiques spéciales comme les apo-repro : l'enquête est en cours ;-)
On pourrait peut-être invoquer des artefcts liés à la numérisation et l'interpolation d'une image affectée de défaut de mise au point, dont le rendu final, au contraire de l'agrandisseur optique simple et classique, est une moulinette complexe et informatiquement secrète.
Reste donc une bonne bouteille à l'encre, une suggestion de diagnostic à peu près aussi utile que le tristement célèbre 'le poumon, vous dis-je' du médecin de Molière, à savoir le bazar de traitement numérique et d'interpolation, toutes ces couches logicielles qui font écran entre le silicium brut et le tirage final.
Pour moi la question est simple :
- ou bien le modèle géométrique est bon et dans ce cas il y a plus de PdC dans une vue au 50 si la comparaison est faite correctement, ou la comparaisons n'est pas faite dans les conditions où la théorie classique s'applique,
- ou bien c'est qu'on tombe dans un régime de défocalisation où diffraction et aberrations ne sont pas négligeables, (j'ai un peu de mal à le croire, mais si le 80 est un bon planar Zeiss, contrairement à ce que pense Henri Gaud, il passe pas loin de 80 pl/mm donc au-delà de la fréquence de coupure des du capteurs Leaf, et de loin) ou les traitements numériques internes aux détecteurs sont différents, enfin on peut invoquer pour "botter en touche" les logiciels secrets qui bricolent l'image avant de la sortir sur fichier.
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