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 Nouvelle rubrique sur le forum: "La phrase du mois - janvier 2005"
Auteur: robert colognoli 
Date:   24-12-2004 09:28

Nouvelle rubrique mensuelle sur le forum – "La phrase du mois - janvier 2005".

Au cours de différentes lectures, j’ai relevé quelques phrases, citations, aphorismes… qui m’ont paru intéressants et qui pourraient donner matière à discussion, provoquer des réactions, critiques, ou simplement faire réfléchir sur la photographie.

Je souhaiterais vous présenter chaque mois, un échantillon pioché au hasard dans la boîte.
Chaque mois, un nouveau fil, intitulé «la phrase du mois », sera ouvert au même moment où Henri Peyre publie les nouveaux articles sur le site.
Notre souhait est de déclencher vos commentaires, engager une discussion interactive, alimentée par vos expériences, lectures, qui pourrait se prolonger jusqu’au mois suivant ou une nouveau thème sera proposé.

Je vous demanderais donc de participer activement, à chaud, ou à froid après avoir ressorti un bouquin, retrouvé un article, ce qui demande, bien sûr, un petit effort mais qui laisse toujours quelque chose en retour … ceci pour nous faire profiter de votre propre perception ou de celle d’un auteur qui vous a touché.

Cette rubrique ne peut fonctionner que grâce à votre participation pour permettre au fil de rester en bonne place sur le tableau et de ne pas être oublié en quelques jours!
S’il y a matière, et j’en suis persuadé, je ferais après quelques temps, une sorte de compilation qui pourrait trouver sa place dans la bibliothèque du site sous forme d’un « à propos de… », ou d’un « dictionnaire des citations », formule à déterminer suivant la teneur des commentaires.


Pour cette nouvelle année et comme citation initiale, je vous propose une réflexion d’Hervé Guibert, tiré du livre, «L’Image Fantôme». Réflexion sur l’appareil photographique, (une question qui me semble d’actualité et qui devrait connaître un franc succès si l’on se réfère aux 160 interventions sur le thème de la poussette à trois roues pour transporter son « cher » appareil).
« L’Image Fantôme » est un petit livre de 172 pages, en format de poche.
Hervé Guibert, écrivain et photographe sensible nous donne soixante quatre textes dont le plus court fait quatre lignes et le plus long quelques pages… réflexions, digressions sur la photographie.
C’est facile à lire, ça nous emmène dans la « photo » et dans l’intimité de l’auteur. C’est parfois émouvant et toujours intéressant.
Des personnages traversent ce livre, on les retrouve ça et là, signalés par une seule lettre, personnages des soixante quatre épisodes d’un roman…photo !
« L’image fantôme ».
Les Editions de Minuit – 1981.
ISBN : 2 -7073 – 0585 – 5

Du même auteur, lisez aussi « La photo, inéluctablement », recueil d’articles sur la photographie, parus dans « Le monde » entre 1977 (Hervé Guibert n’avait pas vingt trois ans) et 1985.
520 pages, 167 textes qui passent en revue l’actualité photographique de cette période: expositions, manifestations diverses sur la photographie, portraits d’auteurs vus par Hervé Guibert il y a vingt cinq ans, certains débutaient, d’autres nous ont quittés. Ca nous ramène vingt cinq ans en arrière ; à l’époque, je ne savais même pas ce qu’était une chambre… photo!
Premier article : « Bill Brandt – La lumière de l’ombre » à propos de son livre « Ombre de lumière ».
Dernier article : « Photographies indiennes – Les vérités indiscrètes » à propos dune exposition au Palais de Tokyo.
« La photo, inéluctablement »
Gallimard – 1999.
ISBN 2-07-075183-X

Ce sont deux livres passionnants sur la photo… sans une seule photo; ça c’est fort!


Etes-vous intéressés par cette rubrique, êtes-vous prêts à participer?
Voici donc cette première citation, à vos commentaires, faites vivre cette rubrique!


« L’appareil photo est bien un petit corps autonome, avec son diaphragme, ses temps d’ouverture et de rétraction, son boîtier comme une carcasse, mais il est un corps mutilé, on doit le porter sur soi comme un enfant, il est lourd, il se fait remarquer, on l’aime aussi comme un enfant infirme qui ne marchera jamais seul mais à qui son infirmité fait voir le monde avec une acuité un peu folle ».
Hervé Guibert, « L’Image Fantôme ».


 
 Re: Nouvelle rubrique sur le forum: "La phrase du mois - janvier 2005"
Auteur: biloko 
Date:   24-12-2004 09:39

"comme un enfant infirme qui ne marchera jamais seul mais à qui son infirmité fait voir le monde avec une acuité un peu folle"... et qui NOUS fait voir le monde avec une acuité un peu folle.

Car, n'est ce pas ce qui est si particulier et si formidable avec la photographie, qu'elle change, plus ou moins radicalement, la manière dont nous regardons, et par conséquent voyons, le monde?
Et chaque type d'appareil semble lui même générer (ou au moins favoriser) un certain type de regard...


 
 Re: Nouvelle rubrique sur le forum: "La phrase du mois - janvier 2005"
Auteur: henri peyre 
Date:   24-12-2004 11:28

« L’appareil photo est bien un petit corps autonome, avec son diaphragme, ses temps d’ouverture et de rétraction, son boîtier comme une carcasse, mais il est un corps mutilé, on doit le porter sur soi comme un enfant, il est lourd, il se fait remarquer, on l’aime aussi comme un enfant infirme qui ne marchera jamais seul mais à qui son infirmité fait voir le monde avec une acuité un peu folle ».
Hervé Guibert, « L’Image Fantôme ».

Cette conception très maternelle de l’appareil photo comme un enfant est très touchante.
Va pour en commenter ce passage (je m’autorise à couper le commentaire à cause du « aussi ») :

« on l’aime aussi comme un enfant infirme qui ne marchera jamais seul mais à qui son infirmité fait voir le monde avec une acuité un peu folle »

La photographie est effectivement un médium invalide :
- Si on la compare au cinéma elle est infirme : temps arrêté, image sèche (pas de montage), pas de son.
- Si on la compare à la littérature : peu de mots, pas de phrase, pas de temps, une syntaxe simplissime
Evidemment, c’est le médium pauvre, peu respecté parce que peu susceptible de profondeur, écouté seulement si sa surface braille, obligé à la dérive sensationnelle.

Forcément il faut pour sauver la photographie lui trouver des qualités objectives, qui seront celles de sa faiblesse :
Ainsi ce n’est pas qu’elle dise peu ; c’est qu’elle dit objectivement, ne faisant que témoigner du fait et ne laissant pas de place à l’interprétation
Ainsi ce n’est pas qu’elle ne saurait expliquer ; les faits qu’elle relate sont vraiment incroyables.
Ainsi ce n’est pas qu’elle est incapable de saisir le réel ; c’est elle seulement qui peut arrêter le temps
Ainsi ce n’est pas qu’elle ne sait pas capter les sons ; elle est silencieuse et méditative

Mais le photographe qui porte son appareil n’a pas à se payer de mots. Il y a un décalage heureux généré par la conscience de cette incapacité : c’est son appareil qui, en inspirant un décalage appauvri à sa façon habituelle de vivre le réel, lui suggère un nouveau regard au monde : celui d’une autre enfance dans laquelle il pourrait entrer. Celui d’un émerveillement de nouveau possible. Un émerveillement d’autant plus fort qu’il est simple, direct et évident.
La banalité est de nouveau richesse, comme aux premiers jours. La plus petite image devient le fabuleux tableau de tout un univers juste découvert.

Ainsi, dans la phrase de Guibert, c’est la mutilation qui recrée l’enfance.
La médiocrité de nos appareils fait le profond bonheur de nos émerveillements retrouvés et… seule c’est la déception que cet émerveillement ne soit pas compris après que la photo ait été prise qui nous pousse à monter en format. En cherchant la qualité au tirage ou la banalité dans le sujet (ou les deux…) nous voilà cherchant à communiquer l’étonnement de l’émerveillement retrouvé !


 
 Re: Nouvelle rubrique sur le forum: "La phrase du mois - janvier 2005"
Auteur: robert colognoli 
Date:   28-12-2004 20:58

Un petit effort, il n'y a pas de frais bancaires!
RC.


 
 Re: Nouvelle rubrique sur le forum: "La phrase du mois - janvier 2005"
Auteur: Pierre MOVILA 
Date:   28-12-2004 22:14

L


 
 Re: Nouvelle rubrique sur le forum: "La phrase du mois - janvier 2005"
Auteur: Pierre MOVILA 
Date:   28-12-2004 22:15

"La photographie de la réalité, lorsqu'elle n'est pas rehaussée par l'empreinte originale du talent artistique,est une chose pitoyable"
Emile Zola

dur hein ?

Pierre


 
 Re: Nouvelle rubrique sur le forum: "La phrase du mois - janvier 2005"
Auteur: Michel Guigue 
Date:   28-12-2004 22:39

Bonjour,
« L’appareil photo est bien un petit corps autonome, avec son diaphragme, ses temps d’ouverture et de rétraction, son boîtier comme une carcasse, mais il est un corps mutilé, on doit le porter sur soi comme un enfant, il est lourd, il se fait remarquer, on l’aime aussi comme un enfant infirme qui ne marchera jamais seul mais à qui son infirmité fait voir le monde avec une acuité un peu folle ».
Hervé Guibert, « L’Image Fantôme ».


Si c'est bien sur cette phrase que Robert nous propose de participer et nous exprimer, je dois dire que les propos de Hervé Guibert m'insupportent.

"corps mutilé", "lourd", "infirme", "qui ne marchera jamais", etc...

Un enfant qui se porte n'est jamais lourd ! ; il se porte avec plaisir.

La phrase de Zola n'est pas mieux dans son genre : "pitoyable" !!!

N'y-a-t-il pas d'autres citations photographiques un peu plus positives ?

M.G.


 
 Re: Nouvelle rubrique sur le forum: "La phrase du mois - janvier 2005"
Auteur: Christian Martin 
Date:   30-12-2004 15:38

Shimon Lindemann je n’aime pas, ni les portraits, ni les scènes de famille, ni sa gomme sur platine. A rapprocher de la citation d’Emile Zola rapportée par Pierre Movila dans le fil de Colognoli « La phrase du moi – janvier 2005 », et qui dit ceci : "La photographie de la réalité, lorsqu'elle n'est pas rehaussée par l'empreinte originale du talent artistique, est une chose pitoyable" Dur dur, hein ?

Iceboxminnesota.com j’aime beaucoup mieux (image de Keith Taylor). Je n’ai trouvé nulle part que cette exposition utilise les négatifs numériques, mais ce n’est pas impossible, vue la lumière sur certains objets. Lorsqu’on évoque la rencontre des technologies traditionnelles comme le platine, et celles modernes comme le fichier numérique dans la chaine de travail, Il n'est pas précisé si Keith Taylor utilise un photo graveur, ou du jet d'encre, ou autre chose dans le déroulé de son travail.

A parcourir aussi les autres auteurs de John Stevenson-Galerie. De l'imagination à la pelle
______________________________

Sinon, oui Christian, j’aimerais bien avoir quelques tuyaux techniques de la gomme sur Platine. De toute façon, je vais essayer un de ces jours. Mais c’est plutôt la gomme multicouche pour faire apparaître des teintes cohérentes (comme dans le cas de Cy DeCosse) avec la sensation du réel. Il faudrait un accélérateur d’apprentissage. Un stage ou quelque chose du genre serait bienvenue.

Le 15 novembre au Bd Arago, il y avait des tirages à la gomme (je ne sais plus le nom de l’auteur, mais Christophe doit pouvoir le dire) trichromie/multi couches de toute façon, faisant une image en couleur donnant un peu l’apparence d’un coloriage au crayon. Rien à voir avec les lumières de Cy DeCosse, ni la netteté de ces mêmes images, mais c’est un exemple de multicouche pour approcher les couleurs que le nature nous permet de voir.

CM


 
 Re: Nouvelle rubrique sur le forum: "La phrase du mois - janvier 2005"
Auteur: Christian Martin 
Date:   30-12-2004 16:48

Je trouve tout à fait méritoire et intéressant de vouloir lancer un débat sur des sujets comme celui proposé. Visiblement, la machine a du mal à partir. J’aimerais bien par exemple dire quelque chose, mais rien ne vient.

Mais j'essaie.

Je n’ai jamais rien senti de commun avec l’enveloppé littéraire de H. Guiberg, et je comprends mal cette façon de voir l’appareil dans cette nature et vocation. Ainsi, si j’accepte cette façon de comprendre la photographie, j’accepte aussi l’idée que l’image est une vision déformée du monde, un peu « folle », mais je ne vois pas ce que cela veut dire. Je préfère la définition de l’image comme un instantanée capturé sur un média approprié d’une chose du monde visuel. J’essaie de rester générique, mais ne vois rien de « fou » dans cet instantané capturé, qui n’a de différent avec le réel, que la pétrification de son l'image au moment de la décision photographique.

Non, l’appareil photo n’est pas un « corps », ce n’est pas un « corps mutilé », c’est simplement un objet.

Je n’ai pas lu le livre d’Hervé Guibert, et pour entrer dans le débat d’un tel sujet, cela eut été peut être souhaitable.

La machine est une chose et non pas un être. Elle a les qualités que l’homme a décidé de lui donner. L’essentiel est de s’en servir avec son âme.

Donc la, on arrive à la vision donnée par Zola « La photographie de la réalité, lorsqu'elle n'est pas rehaussée par l'empreinte originale du talent artistique, est une chose pitoyable »

Oui, c’est dur, mais on peut se racheter en pensant que l’on a tous, plus ou moins, lui se sera un peu moins, et moi un peu plus pas vrai ? du talent….

Le peintre Allemand Caspar David Freidrich disait en son temps (German Romantic artist of the 19th century) : « le peintre ne doit pas peindre seulement ce qu’il voit en face de lui, mais aussi ce qu’il voit en lui. »

Mais vue par Zola, cela veut il dire que la photographie sans talent artistique est une image pitoyable ? ou bien que c'est la réalité photographiée qui est pitoyable?

Parce que pour Freidrich il est clair que c’est la peinture sans âme qui est pitoyable ! pas ce que l’œil voit en face de lui.

CM


 
 Re: Nouvelle rubrique sur le forum: "La phrase du mois - janvier 2005"
Auteur: Caro 
Date:   30-12-2004 19:18

Bonsoir,


Débat trés interessant sur la perception du matériel par le photographe:

Ressentir l'appareil photo comme un enfant infirme est surprenant.L'enfant a trés tôt sa propre perception du monde et ses réactions ne sont pas toujours dociles.Si j'ai souvent porté mes enfants , je souhaitais leur apporter une protection et les faire évoluer.

Néanmoins , je reconnaîs volontiers une certaine affectivité pour mon matériel photo.Je l'ai observé également chez d'autres photographes.Lorsque le reportage est long , il est un compagnon.La journée commence ensemble avec un peu d'inquiétude, se poursuit au restaurant où on se repose ensemble et la soirée se poursuit dans la confiance( pas de défaillance technique , ni humaine : il faut compter l'un sur l'autre).
Enfin , je garde chacun de mes appareils , changer tous les six mois ne me correspond pas.Ils font tous partis de mon histoire erreurs et joies.

Le dernier aspect concerne le regard.Le moyen et grand format permettent cette précision technique , ce cadrage trés étudié , la photo presque unique (et non pas une pellicule de 36 vues)mais c'est une perception rationnelle des choses. Il est souhaitable d'y ajouter la perception intuitive , le ressenti dans un paysage ou dans une photo composée.Dans le cas d'une photo avec modéle , il faut en plus faire comprendre l'émotion au modéle .Je raconte parfois une histoire pour les mettre en conditions.


voici quelques remarques
bonsoir
Caro


 
 Re: Nouvelle rubrique sur le forum: "La phrase du mois - janvier 2005"
Auteur: nicolas.R 
Date:   30-12-2004 22:23

L'appareil peut mutiler la réalité. Il peut aussi la transcender. H Guibert était à la poursuite de son corps, d'une image de celui-ci que seul l'appareil pouvait lui restituer au travers d'une attitude d'auto-observation dont la poétique se voulait délai ultime, dédié à la survie de ses derniers moments. Outil pas si neutre, assemblé, bichonné, patiné aux sels d'argent, à la fois, pratique et objet du culte.
"Un petit corps..." , défaite de ce temple et refuge vers les dernières images-miroirs, appareil mutilé par la malveine, par des non-choix qui se projètent comme des suites de désirs, désirs perdus et regret d'un regard d'enfant dont les yeux n'ont jamais changé, mais dont les regards pèsent si lourd...loin d'une nostalgie désormais inutile pour lui.
Bonne soirée
Nicolas


 
 Re: Nouvelle rubrique sur le forum: "La phrase du mois - janvier 2005"
Auteur: guillaume 
Date:   31-12-2004 17:12

Sordide.
Après le prolongement de l'œil, le corps mutilé
Les photographes ont, semble-t'il, du mal à accepter l'idée qu'une 'machine' se substitue au geste. Ils voudraient alors que cette machine prenne corps, et la voilà dotée de caractères humains…
… alors quil ne s'agit que d'un dispositif.

Bonne année 2005… une année avec plus de photographie(s) et moins de faux rhum…


 
 Re: Nouvelle rubrique sur le forum: "La phrase du mois - janvier 2005"
Auteur: Gérard F. 
Date:   06-01-2005 14:18

Un appareil photographique est un objet, un outil, une machine, un chef d'oeuvre, une chose inanimée sans âme.
Tous ce que vous voudrez, mais pas un corps ( postulat vulgaire, béotien, pharisien, matérialiste, cul-terrien, indécrottable, si vous voulez).

L'imperfection de l'objet est une mesure de notre imperfection. Il n'est pas infirme. Nous sommes des infirmes sensoriels et moteurs. Sinon, pourquoi perfectionner des techniques?

Un appareil photographique n'est pas un corps inanimé. Nous, nous sommes des corps qui luttons contre l'entropie de la vie et particulièrement de l'image.
Seule la souffrance de ne pas avoir réalisé l'ultime photographie - qui n'existe pas- nous rappelle que nous avons un corps. Quant à l'âme, elle est comme le père incertaine.

Projeter ses fantasmes, ses angoisses, ses désirs sur un appareil photgraphique mérite une thérapie. A moins - hypothése impressionnante!- que le corps merveilleux de l'appareil photographique soit une fantaisie d'artiste pour lutter contre l'entropie icônique et l'angoisse d'être avalé par le néant. Banalité individuelle qui refuserait la désillusion nécessaire de l'individu qui ne croit en rien. Pas même aux idoles intellectuelles et esthétiques, pas davantage au fétichisme instrumental.


 
 Re: Nouvelle rubrique sur le forum: "La phrase du mois - janvier 2005"
Auteur: guillaume p. 
Date:   06-01-2005 17:39

178 interventions sur les poussettes, et seulement 12 sur 'la phrase du mois' !

Les galerie-phot(ograph)oïstes auraient-ils quelque réticence à parler de leur 'corps' ? De la pudeur ? Un mal du sècle qui ferait qu'on évite à tout prix de parler de ce qui nous touche ou nous concerne, préférant s'étaler confortablement sur des sujets plats et mous ?

Vivement février !


 
 Re: Nouvelle rubrique sur le forum: "La phrase du mois - janvier 2005"
Auteur: robert colognoli 
Date:   06-01-2005 21:21

L'auteur de la phrase, c'était un sensible et c'était petit un angle de son regard singulier, pas forcément universel...
Ca fait réagir, c'est le but!

Pour février? On pourrait faire le trépied à cinq branches;-)
RC.


 
 Re: Nouvelle rubrique sur le forum: "La phrase du mois - janvier 2005"
Auteur: Christian Martin 
Date:   06-01-2005 21:46

Ou bien la poussette à 8 roues ?
Non, finalement ça suffit la poussette !
CM


 
 Re: Nouvelle rubrique sur le forum: "La phrase du mois - janvier 2005"
Auteur: Jean-Louis Llech 
Date:   07-01-2005 10:45

L’appareil photo est bien un petit corps autonome, avec son diaphragme, ses temps d’ouverture et de rétraction, son boîtier comme une carcasse, mais il est un corps mutilé, on doit le porter sur soi comme un enfant, il est lourd, il se fait remarquer, on l’aime aussi comme un enfant infirme qui ne marchera jamais seul mais à qui son infirmité fait voir le monde avec une acuité un peu folle."

Pour moi, une assertion particulièrement stupide, intellectualiste et ridicule.
A ce titre, on pourrait appliquer cette définition à une quantité d'objets qui nous entourent, du téléphone sans fil, avec sa petite bouche et son oreille, ou au cartable, avec ses petits bras et son gros ventre, qui avale les objets qu'on place dedans...

Cela sous-entendrait qu'il y aurait une VIE dans un appareil photo, et non pas des mouvements mécaniques pré-programmés et qu'on déclenche selon une séquence définie. C'est aussi ridicule que de dire d'un téléphone portable ou d'un baladeur audio qu'ils sont dotés de la parole !

C'est une forme d'humanisation des objets, d'anthropomorphisme, normale chez le petit enfant, mais nettement plus inquiétante chez l'adulte : en effet, le fait d'attribuer aux objets les modes de comportement, puis de pensée et d'affectivité des êtres humains relève de l'égocentrisme.

Chez les enfants, la tendance à prêter aux choses qui nous entourent des comportements humains est une forme d'explication causale : dire par exemple que la lune a un visage, et qu'elle nous regarde, ou qu'elle nous suit, est acceptable chez un enfant, en attendant une explication plus cohérente.
Les dessins animés qui montrent des petites voitures avec des yeux (les phares), une bouche (la calandre), entretiennent ce genre de comportement chez les enfants lorsqu'ils grandissent.

Non, l'appareil photo est un outil, un simple outil. On peut admettre de par son utilisation qu'il est un prolongement artificiel de l'oeil dans un premier temps, et au delà de l'affectivité, de la créativité du photographe, comme une paire de jumelles est une forme de prolongement des yeux, ou un téléphone est un prolongement de la voix.


 
 Re: Nouvelle rubrique sur le forum: "La phrase du mois - janvier 2005"
Auteur: robert colognoli 
Date:   07-01-2005 12:32


On peut jeter à terre son appareil favori, le piétiner et le lendemain en racheter un autre pour continuer avec le même chemin. Ca n'est qu'un objet, mais un peu plus qu'un objet utilitaire, on y fait passer toute sa sensibilité, c'est un peu comme un catalyseur de la créativité. Un opticien dira qu'il capte des photons et un artiste de l'émotion, et un opticien/artiste...
Je n'aurais pas parlé d'un appareil photo avec les mêmes termes, c'est ce qui m'a fait relever cette citation.
On peut la trouver,"très touchante", "surprenante", "insupportable", digne de conduire son auteur vers une "thérapie", "particulièrement stupide, intellectualiste et ridicule"... ouf!
Comme il eût été intéressant qu'Hervé Guibert participât à cette discussion.
Galerie photo n'existait pas en 1981!
RC.


 
 Re: Nouvelle rubrique sur le forum: "La phrase du mois - janvier 2005"
Auteur: Jean-Louis Llech 
Date:   07-01-2005 12:37

Pour être tout à fait honnête, Robert, je pense que je devrais peut-être lire la totalité du texte, pas seulement la citation extraite de son contexte.

Mais je crains que cela ne fasse guère changer mon opinion. Même dans leur contexte, les mots restent les mots, et la phrase est assez explicite pour que je commence à entasser les fagots du bûcher. ;>)


 
 Re: Nouvelle rubrique sur le forum: "La phrase du mois - janvier 2005"
Auteur: robert colognoli 
Date:   07-01-2005 13:22

Bien sûr je conseille de lire ce bouquin (et l'autre encore plus), mais il est fait de 64 textes plus ou moins indépendants les uns des autres.
La citation représente un des 64 textes, c'est un épisode en soi, donc on ne perds pas en la sortant du bouquin.. peut-être simplement l'ambiance et l'univers d'Hervé Guibert.
RC.


 
 Re: Nouvelle rubrique sur le forum: "La phrase du mois - janvier 2005"
Auteur: pscl 
Date:   07-01-2005 13:26

Dans cette comparaison à l'enfant mutilé je vois du Michel Tournier (la vocation phorique dans Le roi des aulnes) et du Stefan Zweig (La pitié dangeureuse) et c'est pour cela qu'elle résonne. C'est un peu tiré par les cheveux je trouve.
PS: Zola visionnaire en parlant des APN :-)
Pascal.


 
 Re: Nouvelle rubrique sur le forum: "La phrase du mois - janvier 2005"
Auteur: Gérard F. 
Date:   07-01-2005 13:33

Effectivement, l'assimilation d'un matériel photographique avec un corps est troublante pour des photographes.
C'est dérangeant comme une photographie qui évoque les temps incertains de l'enfance, les troubles de l'adolescence et les inassouvissements adultes.

Des images insoutenables à des photographes, c'est un comble.
Les manieurs de pellicules, de spotmètres et d'objectifs seraient-ils des sujets plus sensibles au fantasme décrit - voire décrié- , à la chaleur des corps vivants qu'aux sujets plats et froids; ceux rendus - ou vomis, pardon restitués- par la pellicule supposée technique, clinique, neutre et à peine plus sexy quand elle montre des couleurs?

La raison la plus simple est que les photographes prennent des images parce qu'ils ne savent pas écrire sur la photographie. Cette raison est heureusement fausse en général.


 
 Re: Nouvelle rubrique sur le forum: "La phrase du mois - janvier 2005"
Auteur: Jean-Louis Llech 
Date:   08-01-2005 19:05

C'est peut-être qu'ils préfèrent prendre des images qu'écrire, surtout sur les photos des autres...


 
 Re: Nouvelle rubrique sur le forum: "La phrase du mois - janvier 2005"
Auteur: robert colognoli 
Date:   08-01-2005 20:18

Entretien entre Jean Baudrillard et Marie Marques février 1999
M.M.: Comment s'effectue le passage du langage des mots à celui des images ?
J.B. : "Entre les deux, il y a à la fois de la complicité et de l'antagonisme... La photographie m'est venue à un moment de fatigue des idées. Ce n'est pas que l'on répète toujours la même chose mais ces dernières années, le débat intellectuel s'est assez rétréci. En revanche, le champ de l'image est infatigable et la variété des apparences infinie. Les images mettent fin à la théorie. Je reste toujours dans les idées mais quand je photographie, je ne pense pas au sens. C'est pour cela que je voudrais que ces images soient vues dans leur forme littérale... Lorsqu'on fait un livre ou une exposition, on vous transforme inéluctablement en "porteur de sens". Vous cherchez à effacer les références et malheureusement les commentaires de ceux qui regardent, qui lisent, vous y ramènent... Maintenant, le réflexe est devenu général. Aujourd'hui tout est décrypté d'avance. Les journaux vous livrent une information prédigérée, et les images de télévision se montent à la manière des ready-made. Le sens est déterminé d'avance... A travers ces images, j'ai voulu retrouver l'objet, c'est-à-dire perdre le sujet, me perdre en tant que sujet, et retrouver l'objet afin de le montrer dans son immédiateté, mais y suis-je vraiment bien arrivé ? "
R.C.


 
 Re: Nouvelle rubrique sur le forum: "La phrase du mois - janvier 2005"
Auteur: David G 
Date:   08-01-2005 22:09

"l'art et la nature sont cousins, ce sont les branches d'un même arbre."
John Fowles, L'Arbres, 1979.


 
 Re: Nouvelle rubrique sur le forum: "La phrase du mois - janvier 2005"
Auteur: Xavier 
Date:   11-01-2005 14:18

Cette phrase et tirée d'un livre lui même tiré d'une série d'expériences photographiques
très diverses. Comme il est précisé en quatrième de couverture:" Il ne s'agit pas d'un texte théorique sur la photographie."
Pour moi cette phrase et une sorte d'allégorie de la sensibilité de l'auteur, l'appareil photo décrit c'est Hervé Guibert himself.


 
 Re: Nouvelle rubrique sur le forum: "La phrase du mois - janvier 2005"
Auteur: jean claude pr 
Date:   11-01-2005 14:38

Bonjour
Robert, cette initiative d'une telle rubrique est une excellente idée qu'il faut poursuivre.
Si ça démarre lentement c'est que ça intimide un peu de se lancer ainsi dans le vide.
Enfin moi ça m'intimide un peu... pour l'instant.
Je prends mon élan mais je ne sais pas si j'ai assez de recul
amitiés
jean claude


 
 Re: Nouvelle rubrique sur le forum: "La phrase du mois - janvier 2005"
Auteur: Jean-Louis Llech 
Date:   11-01-2005 14:51

Transcrivez :
« Je suis bien un corps autonome, avec mon diaphragme, mes temps d’ouverture et de rétraction, ma carcasse, mon corps mutilé, que je dois porter, mais qui voudrait bien être porté comme un enfant, mais je dois me porter moi-même, je suis lourd, je me fais remarquer.
Quelque part, j'aimerais peut-être être aimé comme un enfant infirme à qui on pardonne beaucoup parce qu'on sait qu'il ne marchera jamais seul mais dont l'infirmité l'autorise quelque part à voir le monde différemment ».


 
 Re: Nouvelle rubrique sur le forum: "La phrase du mois - janvier 2005"
Auteur: Eric Decherchi 
Date:   11-01-2005 15:02

Modeste contribution, mais comme je trouve l'idée bonne, je me lance

Cela fait plusieurs fois que je relis cette phrase, sans y trouver le point d'entrée!!

Il s'en dégage une opposition entre le fait que l'on puisse considérer l'appareil photographique comme un objet autonome d'une part, et qu'il lui faille une intervention exterieure d'autre part!

En revanche, j'acquiesse sur le fait qu'il puisse nous faire voir le monde avec un autre regard. Et la comparaison est fine.

Quelqu'un aurait il un définition d'un coprs autonome?


 
 Re: Nouvelle rubrique sur le forum: "La phrase du mois - janvier 2005"
Auteur: Marc Delon 
Date:   11-01-2005 16:12

Lisant ces commentaires je dois dire ma stupéfaction devant l'agressivité qui se dégage de certains d'entre eux, hyper-vindicatifs et à l'essai d'explication pseudo psychanalytique qui laisse pantois...c'est plutôt ici que l'on intellectualise à outrance une image assez simple

Pour moi cette phrase n'a rien de choquant, elle est même assez belle, décrivant la rapport à cet objet qu'en a son auteur. Ne pas s'inquiéter, c'est de la littérature et la métaphore filée permet d'évoquer cette relation particulière que l'on peut avoir avec cet objet dénué de vie propre sans notre intervention, de qui on prend soin parce qu'il ne peut être autonome et dont les aptitudes optiques conjuguées à la façon de voir de celui qui l'anime, permettent effectivement à tous ceux qui "passaient sans rien voir" d'être parfois surpris de leur propre environnement.

Evidemment jean-louis que l'appareil photo est un outil, évidemment qu'il n'y a pas de vie dans son "corps" mais qui nierait que dans notre relation à lui il n'y a aucune vie ? c'est cette relation que décrit ici l'auteur avec ses mots. Tout n'est d'ailleurs pas à amalgamer : il ne parle pas "d'enfant mutilé", mais d'abord d'un corps mutilé ( effectivement puisque ne marche pas sans notre intervention ) puis, ensuite, "que l'on doit porter sur soi comme un enfant ( parce qu'on l'aime, comme une émanation de nous même, à l'instar d'un enfant....)

à mon humble avis il ne faut pas intellectualiser plus


 
 Re: Nouvelle rubrique sur le forum: "La phrase du mois - janvier 2005"
Auteur: pscl 
Date:   11-01-2005 16:22

Non mais c'est un peu tiré par les cheveux tout de même. Je trouve.
Pascal B.


 
 Re: Nouvelle rubrique sur le forum: "La phrase du mois - janvier 2005"
Auteur: Xavier 
Date:   11-01-2005 16:48

Comment ne pas intellectualiser ce qu'écrit un intellectuel?
Un écrivain compagnon de michel Foucault.
On peut citer un texte qui à mon avis confirme mon propos, page 89
__la plupart de vos récits suintent l'homosexualité....
__comment voulez vous qu'il ne suintent pas.......c'est la moindre des sincérités.
comment voulez-vous parler de photographie sans parler de désir?.......
l'image est l'essence du désir, et désexualiser l'image, ce serait la réduire à la théorie...

Tout le livre porte à débat mais il faut connaître l'histoire de l'auteur,
mort du sida avant la sorti du livre si ma mémoire est bonne et qui en tant qu'écrivain qui se meurt à un rapport à l'image, à l'appareil photographique très corporel.


 
 Re: Nouvelle rubrique sur le forum: "La phrase du mois - janvier 2005"
Auteur: François LETERRIER 
Date:   11-01-2005 17:50

"L’appareil photo est bien un petit corps autonome, avec son diaphragme, ses temps d’ouverture et de rétraction, son boîtier comme une carcasse, mais il est un corps mutilé, on doit le porter sur soi comme un enfant, il est lourd, il se fait remarquer, on l’aime aussi comme un enfant infirme qui ne marchera jamais seul mais à qui son infirmité fait voir le monde avec une acuité un peu folle."

Quel être hybride en effet ! Pour un médecin biologiste, un diaphragme évoque le poumon et la respiration -il est vrai qu'il y a des appareils à soufflet- mais c'est aussi un iris et cet être a au moins un organe des sens, la vision. Il a un système nerveux puisqu'il possède un rapport au temps, celui d'ouverture, et, plus mystérieusement celui de rétraction. La rétraction peut être une réaction à un stimulus extérieur, c'est le cas des cornes d'un escargot ou de la tête d'une tortue, c'est aussi le symptôme d'une maladie (atrophie de certains muscles et tendons) ; c'est encore le repli sur soi, l'analogie avec l'appareil est de moins en moins claire.
La carcasse évoque la coquille de l'escargot ou la carapace de la tortue mais plus encore un squelette, un squelette externe, donc celui d'un arthropode. Il devrait alors avoir des pattes et il est vrai que parfois l'appareil photo en a une ou trois (monopode ou trépied). Ces pattes ne lui donnent aucune autonomie, au contraire, puisqu'elles le fixent de façon stable au sol, c'est donc, en effet un corps mutilé.
On doit le porter sur soi comme un enfant ... infirme. Il est bien clair qu'avec ou sans pied, cet être n'est guère autonome. Si c'est un insecte, c'est donc un parasite qui se déplace peu par lui même (un pou qui se transmet d'homme à homme ? C'est assez peu probable pour un appareil qu'on aime, une tique? elle vous tombe dessus, se gave de votre sang et tombe à nouveau. Là visiblement l'analogie nous conduit vers une impasse, d'autant que l'insecte n'est pas lourd même s'il peut se faire remarquer.
Mais l'auteur donne enfin son sentiment sur cet être, il l'aime et il l'anime, en effet, quand l'appareil prend vie entre ses mains, il transforme sa vision du monde et de plus il mémorise pour lui cette vision, qui peut ensuite être éventuellement partagée.


 
 Re: Nouvelle rubrique sur le forum: "La phrase du mois - janvier 2005"
Auteur: Denis 
Date:   11-01-2005 18:09

Petit grain de sel à cette rubrique intéressante parce que "provocante" dans le bon sens du terme.

Je trouve la phrase de Guibert assez poétique, et elle a le mérite de mettre en lumière un paradoxe :

- En tant qu'objet, la photo papier offre peu de résonances avec le corps; elle est la minceur même. L'empreinte photonique est absolument lisse, et n'offre pas les rugosités, les épaisseurs ou les textures qui, dans les arts graphiques traditionnels, rappellent l'épaisseur organique du corps. Mettez une photo et un dessin côte à côte, regardez alternativement l'un puis l'autre, et vous ressentirez une différence perceptive assez sensible. La photographie est perceptivement aride, surtout la photographie noir et blanc. Elle s'accompagne d'un certain manque - manque qui a d'ailleurs poussé certains grands photographes à s'en détourner pour d'autres pratiques, cf HCB.

- De ce point de vue, l'appareil offre une certaine compensation. Un appareil, c'est effectivement un objet manipulable, palpable, riche d'irrégularités physiques, qui le rapprochent du corps humain. Le reste relève de la poésie.

Voilà ce que ça m'inspire.


Denis


 
 Re: Nouvelle rubrique sur le forum: "La phrase du mois - janvier 2005"
Auteur: Jean-Louis Llech 
Date:   12-01-2005 09:28

L'homme anime l'appareil photo, mais à son tour c'est l'appareil photo qui donne vie au photographe...
L'homme ne deviendrait-il photographe que quand il a l'appareil photo entre ses mains ?


 
 Re: Nouvelle rubrique sur le forum: "La phrase du mois - janvier 2005"
Auteur: Marc Delon 
Date:   12-01-2005 23:28

<< Comment ne pas intellectualiser ce qu'à écrit un intellectuel ? >> demande Xavier... et bien peut-être en admettant qu'il a exprimé une idée simple avec des images connues de tous pour être compris par tous les non-intellectuels ?


 
 Re: Nouvelle rubrique sur le forum: "La phrase du mois - janvier 2005"
Auteur: Xavier 
Date:   13-01-2005 13:01

et bien peut-être en admettant qu'il a exprimé une idée simple avec des images connues de tous pour être compris par tous les non-intellectuels ?


Je vais encore me faire censuré mais bon. Il y a un non pour ce genre d'attitude"démagogie."
Il ne s'agit pas d'élitisme mais d'élever ceux qui sont en bas ou de les y laisser.


 
 Re: Nouvelle rubrique sur le forum: "La phrase du mois - janvier 2005"
Auteur: Xavier 
Date:   13-01-2005 13:03

et bien peut-être en admettant qu'il a exprimé une idée simple avec des images connues de tous pour être compris par tous les non-intellectuels ?


Je vais encore me faire censuré mais bon. Il y a un nom pour ce genre d'attitude "démagogie."
Il ne s'agit pas d'élitisme mais d'élever ceux qui sont en bas ou de les y laisser.


 
 Re: Nouvelle rubrique sur le forum: "La phrase du mois - janvier 2005"
Auteur: Jean Saint Jalmes 
Date:   13-01-2005 14:16

Sans doute devenons nous photographes après les premiers contacts sensuels et presque admiratifs avec cet objet qui fige pour toujours des situations souvent éphémères.

Mais très vite, fort de ces premières expériences, notre oeil devient appareil photo et l'objet devient jouet.

Et quand même nos propos laissent croire à une affection particulière, nous sacrifions avec désinvolture l'objet adoré sur l'autel de la modernité, persuadés qu'il n'y a pas d'autre voie pour aboutir à nos fins.

L'image capturée est expressive par le simple fait qu'elle fait appel à un unique sens partagé par tous. Le mélange sensoriel conduit plus souvent à la confusion qu'à l'extase. Il est tellement difficile de décrire simultanément les sentiments visuels, auditifs, olfactifs.....

Jean


 
 Re: Nouvelle rubrique sur le forum: "La phrase du mois - janvier 2005"
Auteur: robert colognoli 
Date:   17-01-2005 12:06

C'est la mi-janvier, je relance la discussion avec cette citation de Michel Tournier, proche de celle d'Hervé Guibert, (voir le départ du fil).
Je n'ose imaginer les réactions de certains si Hervé Guibert avait utilisé les mots de: "trou rond", "organe délicat", "corolle", "sphincter","lèvre" et "anus"!


"L'appareil photographique doit beaucoup de sa séduction au diaphragme à iris qui ajoute au trou rond de l'objectif un organe délicat, subtil et d'une vivante ingéniosité. C'est une corolle de lames métalliques qu'on peut éloigner ou rapprocher de son centre, augmentant ou diminuant ainsi l'ouverture utile de l'objectif. Il y a de la rose dans ce dispositif, une rose qu'on peut à volonté fermer ou épanouir. Il y a aussi là du sphincter et, en le voyant se serrer ou se relâcher derrière la lentille de l'objectif, on pense vaguement paupière, lèvre, anus."

Michel Tournier.
Petites proses: le diaphragme.
Gallimard, Folio n° 1768.
In "La photographie histoire d'un art".
Pierre-Jean Amar.
Editions Edisud.
ISBN 2-85744-680-2


 
 Re: Nouvelle rubrique sur le forum: "La phrase du mois - janvier 2005"
Auteur: Christophe 
Date:   17-01-2005 12:23

L'organicite et la sensualite de l'appareil a image quelqu'il soit est une evidence pour moi, sinon il ne genererait pas tant de reactions et de debat passionnel (ici comme ailleurs ) ;o)

@+

Christophe


 
 Re: Nouvelle rubrique sur le forum: "La phrase du mois - janvier 2005"
Auteur: guillaume p. 
Date:   17-01-2005 13:22

Je dois être simpliste ou ringard, mais j'ai du mal à voir autre chose qu'un œil dans un objectif. Ce qu'on voit au travers d'un œil m'intéresse plus que ce qu'on voit au travers d'un anus… question de point de vue !
L'analogie avec les zorganes s'arrête, pour moi, ici. Si l'appareil photographique doit être envisagé dans son rapport au corps, c'est plus en termes de position (j'entends rire dans la salle…) qu'il occupe entre l'opérateur et le monde (interposition ou non) que j'aimerai poser la question…


 
 Re: Nouvelle rubrique sur le forum: "La phrase du mois - janvier 2005"
Auteur: patrick cartou 
Date:   17-01-2005 18:23

Pour l'instant j'ai lu les différentes réactions, mais là je m'insurge !

Pour moi, aucune analogie avec un organe, quel qu'il soit.
Le côté "bel objet" (d'un certain désir, oui, mais d'un autre ordre) est souvent (mais pas toujours) un facteur de séduction inéniable, mais quant à invoquer Freud à tout bout de champ, non !

Patrick


 
 Re: Nouvelle rubrique sur le forum: "La phrase du mois - janvier 2005"
Auteur: pascal 
Date:   17-01-2005 20:41

L’appareil photo est bien un petit corps autonome
ça commence mal : le « est bien » ne laisse pas trop place à la discussion. Pourtant d’où doit on considérer que l’appareil photo est un corps ? pourquoi serait il obligatoirement petit (surtout sur ce forum !) et enfin l’autonomie de l’appareil photo m’échappe, je ne connais pas d’appareils qui soit parti vivre sa vie tout seul dans son coin. Le petit corps me semble aussi autonome que le A de la Régie des Transports Parisiens.

diaphragme, temps d’ouverture et de rétraction, boîtier comme une carcasse
pas de quoi spécialement caractériser un corps, tout juste un prétexte à des effets (rétractation quand le quidam aurait écrit fermeture)

mais il est un corps mutilé, on doit le porter sur soi comme un enfant, il est lourd, il se fait remarquer
d’abord un corps mutilé (pourquoi mutilé, on ne saura pas), puis un enfant : étrange association
il est lourd (au début il était petit, donc l’appareil est petit et lourd, HG fait dans l’appareil chic, pas de chambre grand format ou de reflex japonais made in plastic, hors Leica point de salut ?) mais peut être parle t’on de l’enfant ?
il se fait remarquer : qui, l’appareil ou l’enfant ? Se faire remarquer, un défaut ? HG fait pourtant tout pour se faire remarquer en se lançant dans une analogie qu’il veut à tout prix originale de l’appareil photo avec un petit corps mutilé

on l’aime aussi comme un enfant infirme qui ne marchera jamais seul
celui qui a un enfant infirme (au moins je lui suis gré de ne pas utiliser « à autonomie réduite », c’est déjà ça) l’aime autrement qu’un autre enfant ? on aime comment un enfant infirme, mieux ou moins bien, plus fort ou moins fort, qu’un enfant pas infirme ?

mais à qui son infirmité fait voir le monde avec une acuité un peu folle
heureusement, la vision compense l’infirmité, c’est connu le port du fauteuil améliore la vision. Les pianistes aveugles ont encore de beaux jours devant eux : ils sentent tellement mieux la musique ! Question subsidiaire : les nègres ont ils le rythme dans la peau ?

Que HG se sente handicapé avec un appareil photo, c’est possible. Qu’il reporte la faute sur l’appareil c’est un péché véniel et très bien partagé (personne n’est mauvais photographes, on a juste des appareils qui marchent mal). De là à étaler de tels lieux communs réactionnaires sur l’enfance et les handicapés c’est bien moins glorieux.

Tournier, qui sait écrire et qui sait de quoi il parle, fait dans l’analogie (avec deux sens à ce mot) avec plus de talent et de l’humanité.

Je livre a votre sagacité la phrase suivante (de mémoire je n’ai pas la source sous la main) :
« Avant même d’être une pensée lubrique dans la tête de mon père j’étais anti-wagnérien. »
Phrase beaucoup plus photographique qu’elle n’y paraît au premier abord....


 
 Re: Nouvelle rubrique sur le forum: "La phrase du mois - janvier 2005"
Auteur: robert colognoli 
Date:   17-01-2005 21:09

Ca ne serait pas du Woody Allen?
Comme celle-ci, de mémoire.
"Quand j'écoute du Wagner, il me vient tout de suite l'envie d'envahir la Pologne".
RC.


 
 Re: Nouvelle rubrique sur le forum: "La phrase du mois - janvier 2005"
Auteur: nicolas.R 
Date:   17-01-2005 21:14

"j’étais anti-wagnérien". » Moi aussi ! :-)
C'est ce que je me disais à l'instant en écoutant la 3eme de LvB (Toscanini , 1951) puis dans la foulée la 9 éme du même (Furwangtler 1953) . Je ne m'en lasse pas.
Bref, je me disais que ce qui différenciait LvB de Wagner, c'est que ce dernier était un illustrateur (schématiquement) et que de LvB surgissait un fleuve incandescent, inspiration pure, manifestation d'une immanence unique, absolue...
C'est juste pour rebondir, c'est vrai dès qu'il s'agit de musique je deviens bavard
Bonne soirée à tous
Nicolas


 
 Re: Nouvelle rubrique sur le forum: "La phrase du mois - janvier 2005"
Auteur: ragtof 
Date:   18-01-2005 12:23

ben l'guibert , j'aimerais pas lire ce que lui inspire l'enfant !!
ou l'optimisme ou la joie de vivre!!


 
 Re: Nouvelle rubrique sur le forum: "La phrase du mois - janvier 2005"
Auteur: Jean-Louis Llech 
Date:   18-01-2005 15:17

Par pitié, Nicolas, ne dites pas HG, ici, ça veut dire Henri Gaud et personne d'autre.

Je ne pense pas que Hervé Guibert ait eu une descendance, et je crois que quelque part il vaut peut-être mieux.

En ce qui concerne Wagner, je serais moins dur, politiquement parlant, que vous.
Il y a beaucoup de grandeur dans Wagner - comme dans Beethoven, je précise.
Son seul tort posthume est d'avoir servi d'étendard à une bande de cinglés.

Wagner est trop associé dans l'inconscient collectif au nazisme, mais la mythologie germanique existait avant 1933. Le "Götterdämmerung", pour moi n'est pas la chute de Berlin en 1945, et la tétralogie reste une grande oeuvre.

Par contre, pour Furwangler, (et Karajan, au passage), l'invasion de la Pologne, eux, ils connaissaient nettement mieux.


 
 Re: Nouvelle rubrique sur le forum: "La phrase du mois - janvier 2005"
Auteur: Xavier 
Date:   18-01-2005 16:46

Je ne vois pas ce qu'il y a de réac dans les propos de Guibert.
L'interprétation de Pascal par contre si elle n'est pas réac. (peut-être), indique une incompréhension du langage flagrante.
Oui l'appareil photo ne marche pas tout seul, oui il a besoin qu'on le porte, il a même besoin parfois d'une poussette à roues gonflables pour ce déplacer (comme un enfant).
Voir le fil initié par H Gaud.


 
 Re: Nouvelle rubrique sur le forum: "La phrase du mois - janvier 2005"
Auteur: Jean-Louis Llech 
Date:   18-01-2005 17:10

Celle là, Xavier, je n'y avais pas pensé. Je veux dire la poussette...
Bien trouvé.


 
 Re: Nouvelle rubrique sur le forum: "La phrase du mois - janvier 2005"
Auteur: henri peyre 
Date:   19-01-2005 07:09

Félicitations pour la poussette aussi. Elle est vraiment épatante ;-))




 
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