Auteur: Nicolas Marailhac
Date: 11-12-2004 18:36
Bonjour,
En m'empressant d'oublier la tirade d'introduction du premier message sur laquelle je ne donnerai pas mon avis, je lis: Aussi, je vous le demande:
pour quoi prenez-vous la photographie?
Les mots sont pesés, j'essaie de faire de même pour ma réponse, peut-être que Robert, ou quoi que ce soit où qu'il ou elle se trouve, la lira.
Je ne trouve pas de prime abord, alors j'essaie la technique du raisonnement par le creux: voyons voir à éliminer ce pour quoi je ne prends pas la photographie:
- ce n'est pas une passion;
- ce n'est pas une fin en soi;
- ce n'est pas une occupation ni un hobby;
- ce n'est pas une pénitence;
- ce n'est pas une pose de salon;
- ce n'est pas plein d'autres choses encore.
Ce pourrait être:
- une source de questionnement;
- un moyen;
- un métier (même si je l'aborde par la partie la plus à l'ombre);
- un moyen d'aller vers ce qui ne m'est pas évident;
- une manière de savoir où je me trouve, ou plutôt une manière de m'en poser la question;
- plein d'autres choses encore.
Mais finalement ce n'est toujours pas ça, pas uniquement ça.
Alors quoi?
Un miroir (bien piqué comme je les aime!) qui me renvoie mes propres questions, passées aux prismes de regards différents du mien? Peut-être. Une manière de me déstabiliser, de me faire voir certaines choses autrement que selon une habitude? Tout autant.
Par ailleurs, je trouve qu'il est facile de dénigrer les techniciens de la photographie. Alors que pour moi (qui ai découvert la photographie par son côté technique, comme certains adorent les voitures ou les avions ou les montres ou etc.), la technique est plutôt l'expression matérielle de questionnements profonds, comme les mathématiques peuvent être l'expression d'un rapport au monde. Ce qui est intéressant avec la technique, quelle qu'elle soit je pense, c'est qu'elle permet le cheminement vers la pensée qui a amené à telle ou telle réalisation matérielle, chemin inverse de ce qui a conduit quelqu'un, quelque part, à proposer telle réponse technique à tel problème.
Enfin, je dirais pour finir que ce qui est bien, avec la photographie, c'est que tout cela peut rester simple, très simple. Vraiment. Quel que soit notre rapport avec elle (petit ou gros zappareil, en faisant des images ou pas, en y pensant ou pas, en en parlant ou pas, etc.).
Et comme je viens de dire que c'est simple, je me tais.
N
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