Auteur: E. Bigler
Date: 30-01-2003 16:40
La variation de focale induite par la modification de l'écart entre
les blocs optiques avant/arrière d'un objectif de chambre est
facilement calculable si on connaît la focale du système, les focales
des demi-systèmes (penser aux anciennes optiques 'convertibles'), et
l'écart entre plans principaux entrée/sortie des demi systèmes ; comme
le fait remarquer Simon Clément (c'est un grand timide, le nom de
Gullstrand lui brûle les lèvres, mais il sait se tenir dans le monde
;-);-). L'exercice est intéressant mais d'intérêt académique ou
historique avec la mise au point entre 1 mètre et l'infini d'un tessar
par déplacement de l'élément frontal sur pas de vis très fin (cas du
Rollei 35 tessar et de nombreux appareils d'amateur des temps
anciens).
L'utilisateur d'une chambre monorail se moquera de cet effet de
variation de focale ; que son optique fasse un jour 149,5mm de focale
et un autre jour 150,8 , où est le mal ? Je suis d'ailleurs persuadé
que les variations de température entre -10°C et +40°C induisent plus
de variation de distance focale que les tolérances de montage sur
planchette.
L'utilisateur d'une chambre à télémètre couplé sera sans doute plus
inquiet après démontage/ remontage de son optique sur came : le
réparateur devra vérifier que tout est en ordre sur ce plan. Un autre
réparateur qui doit démonter la partie avant de l'optique de prise de
vue sur un bi-objectif est peut-être celui qui devra faire le plus
attention à toute variation de focale induite par les tolérances de
montage, par suite de l'indispensable "appairage" des optiques de
visée et de prise de vue, pour que le système de mise au point par
translation couplée des deux optiques fonctionne correctement à toute
distance, et pas seulement pour le calage sur l'infini.
Non le problème; me semble-t-il, de la tolérance de montage de deux
moitiés d'une optique de chambre est plus dans la correction des
aberrations. On sait qu'un demi-système (disons : à 3 lentilles) est
entaché d'aberrations que l'association sous la forme d'une optique
quasi-symétrique (disons : à 6 lentilles) permet de réduire de façon
efficace.
De mes lectures anciennes des ouvrages de René Bouillot, qui n'était
pas tendre envers les vieilles optiques séparables-convertibles, j'en
étais resté à une situation où les fabricants intègrent dans leurs
contraintes de conception la nécessaire tolérance de montage/serrage
entre les deux moitiés. Donc tout va bien on n'y pense plus, et puis
si le montage démontage à la main devait être si catastrophique, cela
se saurait. Je ne sais même pas si les réparateurs spécialisés
utilisent une clé dynamométrique pour le serrage du barillet arrière,
ce qui serait la moindre des choses pour faire un serrage correct au
centième.
J'en étais resté là, situation de mes lectures des années 1980, et je
trouvais que le point de vue de l'expert René Bouillot était celui
qu'il n'y avait aucune raison de contester, c'est à dire en bref : pas
de souci. Et puis en épluchant le site web de chez Schneider, je suis
tombé sur la page concernant le service après vente, avec ce message
qui ne rigole pas, et où on semble vouloir dissuader le démontage
achtung verboten des grands angulaires, avec retour usine
obligatoire.
http://www.schneiderkreuznach.com/service.htm
Je cite :
Unsere Systeme Super-Angulon (auch XL), Super-Symmar XL und
Super-Symmar HM können nur bei Schneider repariert werden. Bei diesen
Objektiven ist eine sehr genaue Justierung notwendig, um die optischen
Parameter auf die beste Leistung zu optimieren.
Comment faut-il interpréter cette mise en garde ? Je pense qu'il ne
faut pas s'affoler, que cela ne concerne pas la séparation
avant-arrière nécessaire au montage sur planchette et sur obturateur,
mais plutôt le démontage individuel des lentilles de chaque
sous-ensemble. Néanmoins on voit bien que les grands angulaires
modernes sont plus délicats que les quasi-symétriques standard.
Intuitivement j'aurais même un peu peur des nouveaux asphériques comme
étant, peut-re et crainte absurde, plus des "bêtes à chagrin" que les
bon vieux symmars apo-symmars ou autres sironars, tellement rassurants
depuis près de cinquante ans que les photographes professionnels les
connaissent, les montent, les démontent, les nettoient, etc...
C'est donc peu de chose qu'on donner comme peut réponse à la question
assez fondamentale posée par Henri Gaud.
En résumé : il convient d'être extrêmement prudent lorsqu'on monte
soi-même une optique sur planchette ou sur obturateur, mais pas
d'affolement. Néanmoins, outre une petite variation de la séparation
entre blocs, un excentrement ou une bascule relative des axes optiques
serait tout aussi préjudiciable. Donc : tout doux sur les filetages
des barillets, attention si on voit tomber des petits cliquants
d'espacement fin, ce n'est pas le technicien qui a oublié le papier de
chocolat de son quatre heures, et bien entendu pas de
rallonge-de-clé-en-sautant-à-pieds-joints comme pour démonter ses
roues avant la saison hivernale;-);-)
|
|