Auteur: Emmanuel Bigler
Date: 17-11-2004 10:32
Le site web de chez B+W indique pour lerus filtres polarisants un coefficient de prolongation de pose entre 2,3 et 2,8x. 2,8x cela fait très exactement 1 diaph 1/2.
D'entrée de jeu un polarisant bouffe un facteur 2 si la scène émet de la lumière totalement dépolarisée. Par exemple une scène sans réflexions vitreuses sur l'eau ou sur un verre/plastique, et sans ciel bleu à 90° du soleil. On tourne ensuite le pola pour absorber la lumière polarisée par les réflexions vitreuses ou pour couper la lumière rétro-diffusée du ciel ce qui coupe les reflets et assombrit le ciel mais dans ce cas avec un effet maxi à 90° du soleil.
Dans ces conditions, le polarisant commence seulement à faire son boulot qui est bien évidemment d'aller au-delà d'un simple filtre gris 2X (densité optique : 0,3). Bien mis en place grâce à sa bague totative, le filtre polarisant absorbe encore un peu de lumière en augmentant le contraste par exemple en vues de paysage. Il est donc légitime d'ouvrir encore un peu au-delà de ce facteur 2 ce qui donne le 2,3 à 2,8. Personnellement j'expérimenterais avec 1 diaph 1/2.
Vous pouvez donc à volonté :
- faire une mesure sans filtre par une méthode de votre choix et augmenter la pose de 1,5 diaph par rapport à l'indication de départ,
- faire une mesure à travers l'objectif, filtre en place, si votre appareil est équipé d'un système de posemètre TTL ; si l'appareil est très moderne il est vraisemblable que seul un polarisant de type 'circulaire' donnera des mesures correctes. Le problème vient du coefficient de réflexion des miroirs semi-transparents utilisés dans les mesures TTL modernes, ce coef dépend fortement de l'état de polarisation de la lumière qui tombe dessus, un polarisant linéaire ne convient pas. On peut expliquer en détail le pourquoi du comment mais ce serait un peu long et nous éloignerait du sujet.
- faire une mesure avec un posemètre ou un spotmètre à main à travers le filtre tourné dans la position voulue ; en principe les posemètres à main acceptent le polariseur linéaire sans problème (pas de miroir semi-transparent dans l'instrument).
Un exemple très classique que j'ai pratiqué souvent c'est la vue lointaine du Mont Blanc depuis les crêtes du Jura. L'après midi d'été le soleil est proche des 90° par rapport au Mont Blanc lorsqu'on est pas trop au nord de la chaîne. Les conditions sont donc parfaites pour assombrir le ciel et couper la lumière rétro-diffusée par le voile atmosphérique entre l'appareil et le sujet situé à vol d'oiseau à 150 km. Le polarisant joue alors un double rôle : assombrir le ciel mais pas les neiges du Mont Blanc et atténuer un peu le voile atmosphérique (l'hiver c'est mieux, le contraste est bien meilleur en atmosphère froide mais il faut supporter la bise coupante ;-)). On règle l'exposition de la scène comme si de rien n'était, par exemple la règle du f/16 par soleil brillant marche très bien avec un bon soleil pas voilé d'après midi d'été. Donc 1/60 f/16 ou 1/125 f/11 avec de l'iso 64-19° (je ne dis pas quel film diapo en boîte jaune j'utilise, chuut je trahirais l'utilisation d'un appareil de petit format ;-)). Par rapport à cette pose nominale on ouvre de 1 diaph 1/2 ce qui nous met 1/125 diaphragme entre 5,6 et 8.
Cela reste très confortable à main levée avec un appareil de petit ou moyen format ; à la chambre à f/22 ce sera trépied obligatoire mais sauf nuages passant rapidement (et dont la lumière est dépolarisée, donc en valeur relative ils appraîtront très blancs avec un beau modelé sur ciel assombri par le polarisant), il n'y a pas plus statique comme sujet que le Mont Blanc ;-)
Ensuite il faudrait se souvenir des valeurs d'expo en notant sur un petit carnet et vite vérifier au retour des diapos que l'effet est le bon, car un peu d'essais et erreurs seront nécessaires.
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