Auteur: Emmanuel Bigler
Date: 15-11-2004 20:04
Pour avoir une idée de la question il est bon de remonter un peu dans le temps avant l'invention du rétrofocus par Angénieux en 1950. Les appareils reflex existent depuis que Jacques-Henri Lartige était au berceau, le reflex 24x36 existe au moins depuis l'Exakta de Dresde avant la deuxième guerre mondiale. Mais pas de possibilité de grand angulaire sur reflex avec les formules quasi-symétriques connues alors. Le rétrofocus libère cette contrainte au prix d'une certaine perte de qualité surtout si on vise une grande ouverture pour l'instant décisif à main levée. Mais nous sommes au début des années 1950. Un demi-siècle après le débat ne me semble plus d'actualité. Dans un reflex 24x36 c'est le petit côté du miroir qui impose la contrainte dimensionnelle, cette contrainte est bien moins forte que dans un format carré. D'où un certain retard en 6X6 pour les rétrofocus de 80-90 degrés d'angle. En 1954 Hasselblad lance le SW avec le biogon parce qu'aucun 40 mm rétrofocus n'existe en 6x6. Ensuite Zeiss a raffiné
son distagon 40 mm (premier modèle : 1967) deux fois de suite jusqu'au dernier modèle de distagon 40 CFi IF à groupes flottants crédité de 200pl/mm et qui fait jeu égal avec le biogon de 38. Corrélativement le poids et le volume diminuent et les performances augmentent.
En ce qui concerne le savoir faire de chez Zeiss en matière de rétrofocus, si la firme d'Oberkochen n'a pas inventé ce principe, elle a appris à faire bien ; citons le distagon de 3,5 de 60 introduit en 1976, crédité de plus de 200 pl/mm avec un bon film.
Conclusion : certes les objectifs grand angulaires quasi-symétriques, à performance égale, restent plus compacts et légers que les rétrofocus. Mais techniquement je ne vois pas beaucoup de raison de se faire du souci avec un rétrofocus de chez Zeiss quel que soit le format. Et en 24x36 l'augmentation de poids d'un 28 rétrofocus est minime à ouverture égale par rapport à un 28 quasi-symétrique.
Zeiss ne fait plus d'objectif grand format, et si vous visez le 75 degrés d'angle de votre 28 sur sa diagonale, vous y arrivez presque avec les standard de chambre (72 degrés) sans même chercher un grand angulaire. Mais le jour où vous visez les 90 degrés d'angle (éq 21 mm en 24x36) pour faire de la photo sur rollfilm, pensez aux grands angulaires de chambre en courtes focales de 35 à 58 de chez Schneider ou Rodenstock. à la chambre on met le miroir redresseur optionnel derrière le dépoli : c'est simple et le dispositif ayant été inventé du temps de Daguerre, on s'étonne qu'il y ait encore aujourd'hui des photographes qui insistent pour mettre le miroir devant le film ;-);-)
En ce qui concerne le 24x36, n'écoutez pas trop les publicités venant de chez Solms-télémétrique qui laissent entendre à demi-mot que les rétrofocus ne tiennent pas la route ; chez les voisins de chez Solms-reflex-mono-objectif aussi on sait faire de très bons rétrofocus.
Je possède un rétrofocus de 35mm datant du début des années 1960, le skoparex 3,5 de 35 avec sa grosse lentille frontale caratéristique des rétrofocus. Le malheureux, équipant le Bessamatic Voigtländer, devait non seulement souffrir de laisser passer le miroir mais encore il devait se tasser un peu plus vers l'avant pour laisser de l'air au Synchro-Compur double-zéro monté sur le boîtier. Tiens c'est une idée de test intéressante, mettre en concurrence le skoparex de 1960, contre un distagon de 35 made in Japan du contax 24x36. Sur une provia 100 de 2004, juste pour voir si on atteint les 170 pl/mm de la provia ou pas ;-);-)
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