Auteur: kael
Date: 03-11-2004 22:04
Bonjour,
J’ai deux problèmes avec ce que j’ai lu et ce que j’ai compris de l’interview d’Eric Dessert sur le site ce mois-ci. Le style de l’article me gêne car très lourd et assez ampoulé, limite condescendante, mais surtout me laisse sur ma faim quant au métier de Eric Dessert, au final je ne sais toujours pas ce qu’est un photographe du patrimoine, comment il travaille et surtout à quoi ca sert.
Sur la forme, tout d’abord, le style est extrêmement ampoulé, avec une recherche de formule littéraires (« Le monde nous précède, et il nous précède comme donné », Certains matins, il me semblait que tous les sens étaient éveillés par ce qui s'éveillait au jour, qu'ils étaient requis avec une intensité singulière et même confondante », « car je goûte assez peu l'interpolation et les images trop "hight-tech") qui me laissent penser que l’article a été soit relu et modifié, soit l’interview a été écrite. Peu importe me direz-vous, mais je pense qu’il serait convenable de le préciser par égard pour le lecteur, au moins pour éviter qu’il ne soit pas trop surpris, car parfois, certaines phrases sont assez ardues, voire obscures. Et surtout, ca donne un ton vaguement intellectuel, et condescendant, et peut-être élitiste. Peut-être est-ce ce ton qui exprime le mieux les rapports de la sphère publique avec le quidam.
A décharge, iI est probable que cette relecture a probablement été nécessaire du fait du statut de fonctionnaire et de l’obligation de réserve qu’elle implique de l’interviewé.
Mais, sur le fond, et c’est le plus important, l’article me laisse sur ma faim. Il est au deux tiers consacré au matériel utilisé, à des considérations metaphysiques sur l’usage du numérique et l’avenir de l’argentique, mais finalement peu au quotidien d’Eric Dessert et d’un photographe du partrimoine. Du coup, tout en ayant conscience que le format de l’interview ne permet pas de tout décrire et qu’il y a des choix de thèmes qui sont faits, je ne peux m’empêcher de regretter que certaines questions ne soient pas abordées :
- comment ca fonctionne un service de photo du patrimoine rattaché à l’Inventaire Général du patrimoine culturel, qui commande les photos ? est-ce qu’il y a des campagnes coordonnées avec d’autres services du patrimoine, par exemple les monuments historiques, les musées, les conservateurs du patrimoine,… ce qui aurait une logique du point de vue de la cohérence de l’intervention publique…
- Est-ce que être photographe du patrimoine consiste à prendre des photos ? pourquoi le recensement et l’utilisation des archives de photos prises depuis 1 siècle ne fait-elle pas partie de la mission du service (cela doit fournir une base de travail déjà considérable …)
- qui s’assure de la cohérence de l’ensemble, car j’ai l’impression à consulter le site de la BNF qu’il y a un peu tout et n’importe quoi (15 catégories différentes)
- qui contrôle l’activité de ce service dans l’administration ? qui planifie, qui vérifie que le travail est fait et que l’argent public est utilisé à bon escient ?
- chaque photographe traite-t-il ce dont il a envie ? si oui, qu’est ce qui justifie cette situation, est-ce que le photographe ne devrait-il pas répondre à des commandes ?
- qu’est ce qui fait une photo de patrimoine, qu’est-ce qui la différencie d’autres photos : en regardant les exemples et le site de la BNF présentant l’expo , je ne peux m’empêcher de penser que les photos sont assez quelconques finalement, celle d’Eric Dessert sont toutes grises, en conséquence mais déjà « parti pris » du point de vue de l’impression produite, pourquoi ? c’est complètement artificiel, aucune lumière du jour ne donne cela . Par ailleurs, je ne comprends pas ce qu’une photo neutre et objective veut dire, lu sur un texte du site de la BNF « le photographe sait faire preuve d'objectivité ; il se garde de prendre parti face à des éléments qui restent essentiels pour comprendre le passé culturel d'un territoire »
Mais ca c’est encore un autre débat.
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