Auteur: Nicolas Marailhac
Date: 24-09-2004 13:29
Bonjour,
Ces pisse-copies qui font la pluie et le beau temps dans le milieu parisien bien pensant et politiquement correct… Attention, M. Robert Pujade n'est ni parisien, ni politicien. Je crois même qu'il porte un regard qui se rapproche du vôtre quant à cette idée d'un certain monde parisien, en particulier dans le domaine des arts.
Jean-Louis, les dictons ont du bon, comme les recettes de ma grand-mère, mais on peut leur faire dire n'importe quoi, trouver dans les recueils de la pensée spontanée des millions de contradictions. C'est quelque chose d'intéressant, un dicton, mais ce ne peut être un argument dans une discussion.
Dans une discussion, je demande à mon interlocuteur de me dire ce qu'il pense, pas de me répéter ce qu'il a pu comprendre, voire le plus souvent juste entendre.
J'envisage une lecture, une écoute, le regard porté sur une image comme une discussion. Si je ne sens qu'un passage, un courant d'air de pensées amassées ici ou là, je passe rapidement mon chemin, comme devant une maison bâtie sur du sable. Je ne discute pas s'il n'y a personne. J'attends quelqu'un.
Or, dans un dicton, il n'y a personne, selon moi. Envisager un dicton comme le condensé de la pensée de tout un groupe de gens, de tout un peuple ou même du cosmos ne me touche pas. Je veux quelqu'un! Quelqu'un qui me plaise ou pas, qui me dise des choses que j'accepte ou pas, mais quelqu'un qui existe parce qu'il dit ce qu'il est, et non pas ce qu'il a récupéré de pensée(s) (et ce même si toute notre existence se fonde sur une collection et une compréhension des choses).
De la manière dont vous l'expliquez, n'importe qui pourrait s'improviser critique d'art ou de spectacle, à condition de trouver de bonnes poires pour lire sa bave.
Non. J'ai dit qu'il n'est pas nécessaire d'avoir la tête dans le guidon pour porter un regard valable sur une chose ou une activité. Ce qui ne signifie pas (on tombe dans le travers de la déformation de la pensée) que n'importe qui peut le faire, que je sache. Mais je pense néanmoins que quiconque porte un regard honnête sur une chose peut se permettre d'avoir un propos valable, sans qu'il lui soit nécessaire d'avoir été reconnu dans un domaine donné, etc.
Et ça m'arrange, je ne suis pas crititque de quoi que ce soit, même quand je m'efforce de le faire! :-)
Pour être juge quelque part, il faut être reconnu, qualifié et irréprochable, sinon, comment voulez-vous que le jugement soit valable et accepté ?
Utopie. Très valable par ailleurs, mais à laquelle je préfère le sens d'une subjectivité assumée, du moins dans le cadre de la critique d'art. Jean-Louis, rappelez-vous, on dit "critique", voire "scribouillard", "intello" ou "pisse-copie", mais pas "juge" en parlant des critiques.
Je précise que je ne suis pas juriste, je n'ai aucune compétence en ce domaine, et je ne me risquerais pas à faire des rapprochements entre la critique d'art et la justice. En pinaillant, je pourrais trouver ça louche, comme rapprochement. Mais je préfère penser qu'on va en rester là et qu'on ne va pas s'aventurer à faire des parallèles en ce sens.
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