Auteur: Emmanuel Bigler
Date: 13-09-2004 15:42
Un peu tard pour signaler une expo Lartigue qui se termine aujourd'hui à Besançon !!
Le musée des Beaux Arts de Besançon hébergea de mai à septembre 2004 une expo Lartigue légère et joyeuse comme une photo de Jacques-Henri. On ne va donc pas commenter les images d'un photographe si connu, mais juste dire qu'après avoir repoussé chaque dimanche la date pour aller la voir ("j'ai le temps, c'est à deux pas...je connais les roues ovales...bon.. s'enfermer au lieu de sortir à la campagne...") bref c'est in extremis que j'y suis allé.
Le samedi l'entrée du musée de ma bonne ville est à 1 euro. Sans doute le meilleur euro que j'aie dépensé photographiquement cette année.
Je ne connaissais ni les 6x13 ni les photo stéréoscopiques de Lartigue, en sortant on courrait faire le bon de commande pour un châssis rollfilm 6x12 (le treizième centimètre sur les images de Lartigue est un peu bouffé par la limite du cercle-image, cela a son charme ;-)
Quand on voit ce qu'un jeune homme autodidacte en photo fait en 1912 avec une 13x18, cela enlève tous les scrupules qu'on pourrait avoir pour faire du grand format en amateur aujourd'hui. En tant que document-témoignage, le concours d'aviettes avec les pilotes-vélocipédistes prêts au départ, en chapeau melon et redingote nous font parfois regretter qu'on n'attache plus assez d'importance à notre habillement quand on sort en ville ;-);-)
Une petite vitrine expose une belle série d'appareils en tous points identiques à certains de ceux effectivement utilisés par J.H.L ; "certains" car notre photographe, apparemment, en a utilisé de nombreux dans sa vie !!
On commence par une superbe chambre 13x18 ~1910, bois verni, soufflet rouge, optique-cuivre et bouchon de cuir avec décentrement. Puis on passe au kodak 6,5x11 avec focale de 120 ouvrant à 6,3, puis un étrange appareil britannique 6x9 "à ciseaux" ("Klappkamera"), au décor façon ronce-de-noyer, puis un 'flex-bi ~1950, une trousse Leica, et pour terminer un Olympus 24x36.
Çà fait un peu drôle de voir un Olympus 24x36 au musée. C'est vrai que cet appareil sympa n'est plus fabriqué depuis quelques années alors que le 'flex-bi, lui, persiste à occuper une petite partie de la fabrication à Braunschweig.
À peine sorti, voilà qu'un diable rouge à la grande barbe ronde de philosophe allemand du XIX-ième siècle vient vous ennuyer :
« - Grand gamin ! ne vois-tu pas que regarder ces images, c'est comme si tu étais en train d'assister à la séquence 'bonjour les pauvres' d'une fameuse émission comique de la télé française, il y a quelques années !!
- Aujourd'hui, lui répondriez-vous, je m'en moque, d'ailleurs pour la prochaine édition, Mme la Conservatrice nous a promis Doisneau !!! »
Vous avez encore moins d'intérêt que d'habitude à passer voir la couverture des magazines photo grand public, alors vous passez au rayon photo de la librairie du coin. Le petit livret-catalogue de l'expo Lartigue est juste à hauteur d'oeil, un peu plus bas vous regardez le rayon 'technique photo'. Vous êtes agréablement surpris de voir deux livres sur les procédés photochimiques alternatifs, à côté d'un fort volume de R. Bouillot 'fondamentaux... argentique'. Le numérique est là en contrepoint, c'est normal, mais comme dirait l'auteur du livre lui-même, cela vous fait un petit velours que de voir, en bonne place à côté du Bouillot, "La Photographie en Grand Format" de Pierre Groulx !!! Dans un p'tit pays comme ici !!
mais, dites-moi qu'c'est par hasard, qu'il y a là ...
C'est aussi l'occasion de réfléchir à l'art savant du placement des livres dans une librairie. Jamais les vendeurs sur Internet ne pourront faire cela avec autant de finesse. Le catalogue de l'expo en cours à hauteur d'oeil, juste à côté des Doisneau, la technique photo est présente mais au ras du sol, et enfin on placera un Sophie Calle un peu comme on choisira un bijou religieux pour aller à l'école de la République Française : cela devra être visible, mais surtout pas ostensible.
|
|
