Auteur: Michel GUIGUE
Date: 05-01-2003 02:45
Il y a plein de questions soulevées ici, en particulier concernant l'oeil, son fonctionnement mécanique et physiologique.
Je vais essayer d'apporter quelques réponses en tant qu'opticien cotoyant la vision depuis une trentaine d'années. Bon poids !
Il est vrai que la pupille, derrière un voile noir, va se dilater de l'ordre de 6-7 mm car il y a peu de lumière ; d'autre part, face à l'effort de discrimination demandé, elle va avoir tendance à se refermer légèrement pour une meilleure acuité puis acquérir un diamètre moyen tout en entretenant des microvariations de diamètre. Une sorte d'ajustement permanent à la fois à la quantité de lumière et au maintien de la mise au point. La pupille intervient en effet conjointement au cristallin dans le phénomène d'accommodation (une sorte d'auto-focus automatique)
Ceci suppose bien évidemment que la distance d'observation (ici le dépoli qui est proche) soit dans le parcours d'accomodation de l'observateur.
Un dépoli à 20-30 cm peut être vu net par un photographe jeune et emmétrope (c'est à dire voyant net à l'infini naturellement). Je passe les hypermétropes.
Le même dépoli sera également vu net par un myope moyen sans ses lunettes destinées à voir de loin.
Un photographe plus âgé et par là même presbyte devra se munir d'une compensation optique (lunettes, lentilles de contact, loupe,...) pour ramener l'image du dépoli dans son parcours de vision nette sans effort notable.
Une image nette, moyennement nette, floue, se forme sur le verre dépoli de visée de l'appareil de prise de vue. L'oeil, face au dépoli, fait automatiquement le point sur une image physique matérielle (sur le grain du dépoli) ; car il n'y a rien d'autre à capter -en dehors de reflets éventuels sur la face lisse du verre-.
L'image observée sur le dépoli n'étant que la matérialisation physique d'une image aérienne de l'objet photographié, donnée pas l'objectif. C'est optiquement une image réelle, mais matérialisée par le dépoli. Enlevez le dépoli, cette image est toujours là, invisible et bien réelle à la fois, car on la retrouvera sur le film qui prendra la place du dépoli.
Subtilité du vocabulaire de l'optique géométrique !
Voilà pour un premier temps.
Quand on ferme le diaphragme pour contrôler la "profondeur de champ net" et apprécier le résultat supposé final, l'oeil ne peut que constater et observer ce que le dépoli matérialise. La baisse énorme de luminosité nécessiterait pour une observation valable une attente de plusieures minutes sous le voile noir (une adaptation à l'obscurité) pour pouvoir juger pleinement du résultat obtenu avec toutes ses subtilités. De plus, la pupille va s'ouvrir encore plus pour palier à la baisse de luminosité, rendant l'observation moins précise.
Tout ça est simple et logique, mais complexe à la fois.
Pour en revenir à la question initiale d'Henri G, il faudrait effectivement disposer d'un verre "dépoli" qui se comporte de la même façon que le film, et ce, de façon idendique selon l'inclinaison de ce dernier par rapport à l'axe principal de visée.
Ne perdons pas de vue qu'on est en lumière dirigée ! Le dépoli n'est pas un écran de projection, on regarde par derrière, il diffuse : c'est un simple obstacle de matérialisation semi-transparent, comme un rideau de fumée.
L'observation idéale serait qu'à la place du dépoli il y ait un écran blanc, et que l'on puisse de l'intérieur de la chambre regarder ce qui se projette dessus.
Certainement à suivre.
Coïncidence ? j'ai lancé presque en même temps un autre forum dont le titre est "j'ai huilé mon dépoli" et dont l'objet est très proche.
Bien sincèrement,
Michel Guigue.
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