Auteur: Jean-Louis Llech
Date: 22-06-2004 10:03
Eric, votre question me semble fort naïve.
Un photo-reporter est un rouage intégré d'un système d'information. Et cela ne date pas d'aujourd'hui. Donc sa finalité est de faire des images. Point.
A partir de là, le système peut être subdivisé en deux catégories :
- les photographes qui rendent compte d'un évènement. Si à un moment donné ils prennent une photo qui va davantage impressionner les lecteurs, ce que vous appelez photo choc, c'est une question de flair, de métier, "de bouteille". Mais leur métier est de témoigner. C'est parmi ceux là qu'on trouve le plus de morts l'appareil photo à la main.
- les photographes qui vont "créer" l'évènement. Ce sont tous les charognards (là l'expression est bonne, non, Jimmy ?), ceux qu'on a affublé de cet horrible mot de "paparazzi". La plupart du temps, ils ne créent pas l'évènement, ils créent un pseudo-évènement à partir d'un non-évènement. Ils servent la soupe à ceux qui sont assis devant l'assiette et qui l'attendent.
Donc : quoi qu'il en soit, tant qu'il y aura des gens pour se précipiter dans les kiosques sur les torchons du genre, il y aura des photographes pour alimenter leurs colonnes. La bête loi de la demande et de l'offre. (vous aurez remarqué que je fais passer la demande en premier).
Le jour ou tout le monde sera devenu végétarien, les abattoirs et les bouchers-charcutiers auront disparu.Vous voyez où je veux en venir ?
Entre les deux catégories de photographes, il y a la déontologie, comme dans n'importe quel métier. Seulement, il n'y a pas de serment d'Hippocrate des photographes. (Et c'est probablement dommage)
Je vous rappelle la devise de Match qui ne date pas d'aujourd'hui : "le poids des mots, le choc des photos". Cette règle du jeu avait été annoncée il y a bien longtemps.
Maintenant pour ce qui est des journaux qui "sont susceptibles d'orienter l'opinion des gens par la présentation de leur sujet, reportages", il y a toujours quelque chose que tout le monde fait en permanence semblant d'oublier : le sens critique.
Si tout le monde éteignait la télévision quand commencent les émissions de télé-poubelle, au lieu de les subir bêtement, il y en aurait certainement moins, par la sanction de l'audience.
Alors, arrêtons de nous plaindre sans cesse d'être manipulés, désinformés, de passer pour les innocentes victimes des méchants patrons de presse à scandale ou de télévision merdo-bouyguesque.
Nous ne sommes pas des victimes, sauf consentantes. Donc si nous acceptons le système, nous sommes nos propres bourreaux.
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