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 cartes postales anciennes
Auteur: stephane 
Date:   25-07-2002 11:54

Quelqu'un a -til une idée de la façon dont se faisait les images des cartes postales du début du siècle ? Je parle de celles qui montrent la campagne et les villages "paumés" de France ( pas forcemment les monuments historiques donc). Comment travaillaient ces photographes ? Quels Formats, focale, films, etc ...? Motivation de ces photographes ? Qui avaient besoin de ces images ? Y a -t-il un ouvrage de référence pour comprendre ce genre de photographie (qui a disparue aujourd'hui, non ?)

Amicalement,

stephane.


 
 Re: cartes postales anciennes
Auteur: Jimmy Péguet 
Date:   25-07-2002 12:58

J'ai sous les yeux une très jolie petite monographie parue en 1992 consacrée à Antoine Coudert, photographe itinérant en Corrèze, Creuse, Cantal, Puy-de-Dôme, né en 1866 et mort suicidé en 1910. On a retrouvé en 1985 quelques boîtes de ses plaques de verre au gélatino-bromure de format 13x18. Images magnifiques assorties d'une (trop) courte introduction, chronique somptueuse du monde rural limousin.

Plutôt que de vous faire un résumé de cette préface (ce que je ferai volontiers si vous le souhaitez), voici les coordonnées du petit livre en question. Il est très peu cher, très correctement imprimé, c'est le premier volume des "Cahiers de la photographie de Saint-Benoît-du-Sault". Vous pouvez vous le procurer en écrivant à la mairie de Saint-Benoît-du-Sault, 36170. Demandez-leur une liste de leurs publications, il y a d'autres très jolis ouvrages.

Si de votre côté vous avez des informations, références bibliographiques, etc...,je serais très intéressé (faites-en éventuellement profiter le forum, je ne suis certainement pas le seul !).


 
 Re: cartes postales anciennes
Auteur: Joel Pinson 
Date:   25-07-2002 14:22

J'ai moi-même une modeste collection de ces petits trésors. Je crois savoir que la plupart de ces photos étaient réalisées avec des chambres 9x12, ou 13x18, sur des plaques en verre, et donc tirées par simple contact. Quant à leur utilisation, c'était tout simplement les prémices de la carte postale "touristique", à la différence prés qu'à cette époque, le mot vacance était encore à inventer et que les seuls voyages consistaient généralement à des visites familiales dans la France d'alors c'est à dire beaucoup plus paysanne qu'urbaine. Les correspondances au dos ce ces cartes (ou sur la photo elle-même !!) sont d'ailleurs trés instructrices sur les motivations des voyageurs. Bien à vous.


 
 Re: cartes postales anciennes
Auteur: Henri Gaud 
Date:   25-07-2002 19:41

Bonjour,

QQ infos sur la carte postale, les formats sont du 9x14 et du 10,5x15, le format de prise de vue est le 13x18 par excellence, les tirages se faisant par contact, mais il est possible de réaliser des contretype par agrandissement mais cette technique était très peu utilisé.

Deux procédés dominent, pour les procédés photographiques, la phototypie et le gélatinobromure, dans l'ordre de développement. La phototypie de 1880 environ à 1950 et le Gélatinobromure de 1930 à 1960. Mise en couleur au pochoir pour ces procédés mais surtout en gélatinobromure.

Pour la phototypie on réalise des matrices de gélatine en relief, que l'on rempli d'encre (comme en héliogravure) puis on dépose cette encre par contact, la matrice peut faire 500 tirages environ. Au vu de ces détails techniques les editeurs de l'époque préféraient faire des nouveaux clichés à chaque réedition d'ou l'abondance des modèles de cartes.
Pour le Gélatinobromure, on réalise des contretypes et des copies négatives sur plaque pour éviter de recouper les négatifs originaux. On assemble bord à bord ces négatifs coupés au format final + 2 mm et on les monte dans un chassis par 8 ou par 6 selon le format. Puis phase importante notre papier de tirage étant unique (pas de grade) il nous faut égaliser les négatifs, cela se fait en assemblant des feuilles de papier sulfurisé de différentes densités et les dépoupant puis les crayonnant pour obtenir un ensemble tirable.

Puis on tire cette planche avec une tireuse suivie d'un train de développement continu. Le papier étant en bobine et d'une largeur de 47 cm.

La capitale du tirage carte postale bromure était la Ville Rueil Malmaison (pour ces souces abondantes et ses locaux d'anciens blanchisseurs disponible, et aussi un fabricant de papier photo carte postale, les Etablissements Bauchet).
Rueil ne reniant pas sont passé à ouvert un petit musée dédié à la carte postale ou vous pouvez voir la tireuse des Editions Gaud modèle des années 50.

Voilà brièvement ce que je peux vous dire. Pourquoi pas qq articles sur galerie photo.

Bien vous
Henri Gaud


 
 Re: cartes postales anciennes
Auteur: stephane 
Date:   26-07-2002 14:54

Merci pour les premières réponses (rapides !)

Ce matin, je suis aller voir collectionneur de cartes postales qui m'a conseiller de chercher des infos sur internet ... en particulier autour des éditeurs-photographes de cartes postales. Après une rapide recherche, il y a pas mal de sites consacrés à la carte postale ancienne mais très peu sur le style de ces photographes et leur aspect "documentariste" sur la france d'autrefois.
Un site consacré à un de ces photographes (Joseph Malicot) : http://www.perso.wanadoo.fr/ppb/cpa/maintro.htm

Sinon, je n'ai pas d'infos particulière sur ces photographes. C'est ce qui me trouble. Pourquoi n'y a t-il rien dans les histoires de la photographie ? Un genre trop mineur de la photographie ?

A l'attention de Jimmy Peguet, je suis preneur d'un résumé de la préface du livre consacré à Antoine Coudert. Ses images sont-elles consacrées aux villages du limousin ?


 
 Re: cartes postales anciennes
Auteur: stephane 
Date:   26-07-2002 15:57

Je viens de me rendre compte en feuilletant le premier numero de Sequence-paysages (observatoire photographique du paysage) que la commune de St Benoit-du-sault est celle où John Davies a travaillé sur des procédures de re-photographies.
Je viens donc de leur demander une liste de leur Cahiers de la photographie ...


 
 Re: cartes postales anciennes
Auteur: Jimmy Péguet 
Date:   26-07-2002 19:19

Saint-Benoît-du-Sault est un très beau village de l'Indre, qui ne doit pas compter plus de 1500 habitants, mais où il y a bizarrement une intéressante activité photographique, l'ancien maire étant ami de nombreux photographes renommés. La commune édite les Cahiers sus-cités, organise des expositions d'excellente tenue, fait travailler des photographes renommés.


 
 Re: cartes postales anciennes
Auteur: Jimmy Péguet 
Date:   26-07-2002 19:35

> je suis allé voir un collectionneur de cartes postales qui m'a conseiller de chercher des infos sur internet ... en particulier autour des éditeurs-photographes de cartes postales...

Vous ne pouviez pas mieux tomber, puisque Henri Gaud, qui a répondu plus loin, continue l'activité de son père, qui était éditeur de cartes postales.

> A l'attention de Jimmy Peguet, je suis preneur d'un résumé de la préface du livre consacré à Antoine Coudert. Ses images sont-elles consacrées aux villages du limousin ?

Je m'y colle tout à l'heure.

En attendant, en ce qui concerne les photos de Coudert, ce sont essentiellement des portraits de paysans de la région dont je parlais (journaliers, chasseurs, familles en vêtements de fête ou de travail), des photos de groupes, mariages, fêtes, baptêmes, travail. Elles sont prises en situation, devant les maisons, dans les villages, les cafés. Le photographe tend quelquefois une toile ou un drap derrière les sujets. On ne voit que rarement l'environnement direct. Ces images sont dépourvues de folklore, ce sont des photos utilitaires, faites par un homme du peuple. En fait, pour reprendre la question initiale, ça n'a pas vraiment à voir avec les cartes postales.

J'en profite pour rappeler, sur les rapports entre le travail et la photographie, le livre de John Berger et Jean Mohr "Une autre façon de raconter" (autrefois paru chez Maspéro) qui contient des pages magnifiques sur le sujet. Ça n'a peut-être pas directement à voir, mais on n'est certainement pas si loin.

Merci pour le lien, j'irai voir ce soir.


 
 Re: cartes postales anciennes
Auteur: Jimmy Péguet 
Date:   26-07-2002 21:25

Avant de commencer, le lien que vous indiquez http://www.perso.wanadoo.fr/ppb/cpa/maintro.htm ne fonctionnait pas tout à l'heure.

Bon, on y va. Antoine Coudert, photographe ambulant en quelques lignes. Résumé de la courte introduction de Georges Chatain au petit livre cité dans un message précédent.

C'est en 1985 qu'ont été découvertes dans les Archives départementales de la Corrèze quelques boîtes de plaques de verre 13x18 au gélatino-bromure d'argent. Elles venaient de la petite commune d'Aix-la-Marsalouse. Ces photos réalistes étaient signées Antoine Coudert, 1866-1910, "...quelque chose comme un ramoneur, un colporteur ou un ramasseur de peaux de lapins; un étranger de passage dans l'immuable société paysanne, même s'il est né là...". Une histoire digne du plus misérable feuilleton du siècle passé. Fils naturel d'une fille de ferme simplette, il naît avec un pied-bot. On ne sait rien de sa jeunesse.

Il se suicidera 44 ans plus tard, en buvant du révélateur, dans la masure où il vivait seul, à l'écart. Les chiens dévoreront son corps. Les voisins, qui le croyaient une fois de plus parti sur les routes, ne découvriront son corps qu'un long moment après. Une vie terrible de solitude. Chatain : "...il faisait souvent voir dans son dictionnaire la façon de l'employer (le ferricyanure) et faisait des expériences sur les crapauds et les insectes.". "Il avait dit à une de ses voisines que, s'il ne trouvait pas à se marier, il se détruirait.".

Marginal : enfant naturel, infirme, touché par le mauvais oeil. Il acquiert avec l'accord de sa mère une chambre grâce à un petit héritage, et commence sa carrière de photographe itinérant, photgraphiant la vie quotidienne des habitants de la Corrèze, de la Creuse, du Puy -de-Dôme et du Cantal. Surnommé "Le Toqué", il logeait avec les vagabonds dans les fermes, nourri en nature souvent. Chatain raconte que "ce poète de la photographie ambulante fut condamné pour ne pas avoir payé patente."

Malveau et Nicita, qui ont découvert les photos, disent "<... qu'il a introduit la photographie dans les campagnes de la montagne limousine comme l'écrivain public a introduit l'écriture".

Chatain recense rapidement les studios photographiques de la région autour de 1900 : 11 pour la Corrèze, localisés dans les 3 villes principales. Un seul dans la montagne creusoise, à Aubusson. Aucun dans la proche Auvergne. Au contraire des photos académiques produites par ces photographes, celles de Coudert "étaient toujours faites en extérieur, souvent le dimanche, les jours de fête et les jours de foire."

Le travail de Coudert se situe néanmoins dans la tradition de l'époque, le portrait posé, où, dit Chatain, "... il se situe à l'égal des plus grands." "... Le personnage y devient inséparable de son environnement, l'appareillage des pierres, autour de la porte aussi présent que les visages...".

Chatain toujours : "... Il ne fut certes pas le premier. Mais il n'en fut pas moins un inventeur. Il ne connaissait rien de l'art reconnu de la photographie qui commençait alors à être considéré comme majeur." Après avoir évoqué les procédés naissants de reproduction de masse et les débats qu'ils produisaient bien loin du Limousin, Chatain se demande "... comment ce réprouvé, de naissance et de statut social, a-t-il acquis la culture que manifestent à l'évidence les plaques qui ont été préservées ?" Grande curiosité intellectuelle, possession d'un dictionnaire dans un milieu ou on parlait occitan et où régnait l'analphabétisme, lecture du journal chez l'instituteur...

Il n'y a pas de mise en scène folklorique dans les photos de Coudert, comme c'est le cas dans les cartes postales de ce temps. Antoine Coudert photographiait les siens et la réalité du monde paysan de son époque.

J'espère que Georges Chatain ne m'en voudra pas d'avoir tant bien que mal résumé et cité une partie de sa très jolie préface. Une fois de plus, ce tout petit livre ne coûte quasiment rien. S'il en reste des exemplaires disponibles, n'hésitez pas, vous ne le regretterez pas. Ces photos sont merveilleuses.


 
 Re: cartes postales anciennes
Auteur: Jimmy Péguet 
Date:   26-07-2002 21:29

Je viens d'écrire : > nourri en nature souvent.

Nourri en nature, c'est généralement mieux ! Il fallait naturellement lire "payé en nature".


 
 Observatoire du paysage
Auteur: Jimmy Péguet 
Date:   27-07-2002 08:29

Je rebondis à propos de l'Observatoire photographique du paysage : l'adresse que j'ai dans mes signets n'est plus valide. Quelqu'un connaîtrait l'adresse actuelle, s'il y en a une ?


 
 Re: cartes postales anciennes
Auteur: stephane 
Date:   27-07-2002 08:52

Excusez moi pour l'adresse, il y avait 3w en trop ...Il faut se connecter sur :
http://perso.wanadoo.fr/ppb/cpa/maintro.htm

Il semble que l'observatoire de paysage soit au point mort. Pas de nouvelles depuis 2 ans. Sont-ils en phase de reconduite de prise de vues ?
D'autres séries ont-elles vu le jour ? Mystère ...

Bien à vous.




 
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