Auteur: Marc Genevrier
Date: 22-07-2002 19:05
Voici de quoi faire saliver notre ami Henri Gaud.
Certains ont peut-être vu Metropolis samedi soir, l'émission un peu "branchouille" d'Arte consacrée à l'actualité des arts. On nous a présenté une photographe allemande installée à New York, Vera Lutter, qui n'a rien trouvé de mieux au pays du gigantisme que de transformer son séjour, une chambre d'hôtel, une cabane de chantier en sténopé géant. Elle tapisse le mur de papier (sans doute la plus grande largeur disponible chez le fabricant) et obtient ainsi des négatifs géants. Commercialement habile, elle a su caresser les collectionneurs US dans le sens du poil, puisqu'elle ne réalise pas de positif ni de reproduction. Elle ne vend que les originaux estampillés unique, ceux-là même qu'elle a touchés de ses blanches mains. Il paraît que ses oeuvres sont déjà présentes dans les plus grands musées. D'ailleurs, il faut qu'ils soient grands, les musées, pour accueillir ces mastodontes de plusieurs mètres de long !
Ses sujets sont urbains, évidemment, New York beaucoup, mais aussi l'aéroport de Francfort plus récemment. Comme les temps de pose sont à la mesure des oeuvres (jusqu'à 7 heures), il ne reste plus sur l'oeuvre que ce qui est permanent dans le "paysage" enregistré : tout le transitoire, le provisoire, le passage est irrémédiablement transformé en flou dans le meilleur des cas, carrément gommé le plus souvent. C'est le principal (et seul ?) intérêt de ce travail. Difficile de juger du résultat à la télé, il faudrait voir en vrai pour savoir si ce flou produit quelque chose, si la technique particulière a des effets particuliers. De loin et en petit, ça m'a paru assez pauvre. Je n'ai pas eu l'impression que le fait que ce soit un négatif apporte vraiment quelque chose (hormis la valeur d'unicité et l'originalité, bof !) Evidemment, vu le dispositif mis en oeuvre, il est difficile de soigner son cadrage, mais les sujets m'ont aussi paru extrêmement convenus. Un peu dommage, donc. On en retiendra sans doute plus le geste que l'oeuvre...
Marc
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