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 "Les nomades sont loin, désormais" ( Anatomie d'un échec photographique )
Auteur: Olivier BERTRAND 
Date:   16-02-2004 10:57

Bonjour à tous.

2 nouvelles galeries sur http://www.foto13.fr.st.

* Les nomades sont loin, désormais.
** Perdu.


"À quoi bon voyager ? À Madrid, à Berlin, en Perse, en Chine, à chacun des pôles,
où serais-je sinon en moi-même, et enfermé dans mon type et mon genre propre de sensations ?
La vie est ce que nous en faisons.
Les voyages, ce sont les voyageurs eux-mêmes.
Ce que nous voyons n'est pas fait de ce que nous voyons, mais de ce que nous sommes."


Fernando PESSOA.

Anatomie d'un échec donc.
Rolleiflex 3,5F , Sténopé ZéroImage 6x6 , FP4 + , Gossen Digisix, petit trépied chinois.

2 semaines dans le Sud Marocain : 1 semaine de trek dans le Djebel Sahro et une semaine en 4x4
avec grosse boucle ouest-est-ouest du grand sud.
(Boulmane-Dades, Erfoud, Rissani, Merzouga, Zagora, Lac Iriki, Ait-Bennadou)

Le sentiment global reste la déception au niveau de la prise de vue, surtoût la semaine 2 où
le déplacement en 4x4 reste source de frustration : étapes trop longues et poussière en guise de repas.
Et surtout l'impossibilité de s'immerger un tant soit peu dans les endroits traversés ou de stopper l'engin dès qu'une image potentielle se présente.
A ce titre, je crois que je ne fais pas les mêmes images que mes compagnons-touristes :-))

Enfin bon, je retournerai peut être un jour au Maroc, bien que je trouve la réputation du pays un peu surfaite, mais ce sera pour me poser dans une belle vallée et prendre le temps de rencontrer les gens et de laisser les choses venir.

Bon voyage, quand même.

Olivier BERTRAND.
http://www.foto13.fr.st


 
 Re: "Les nomades sont loin, désormais" ( Anatomie d'un échec photographique )
Auteur: Jimmy Péguet 
Date:   16-02-2004 12:16

Toujours de bien belles images, Olivier, et toujours tes beaux titres. Beaucoup d'images qui se répètent, mais c'est une constante. L'impression dans ces dernières séries de survoler, de passer, mais l'aurai-je dit si tu ne l'avais pas écrit avant ? :-) Toujours la même frustration de ne pas avoir ces images en main, sur papier, ou dans une boîte...

Juste pour causer : tu as besoin du voyage. Pourquoi ne cherches-tu pas des formules autres que ces circuits tout prêts, ces boucles en 4x4 organisées, ces formules pré-emballées ? Où tu pourrais rester à un endroit le temps que tu veux, creuser, bouger quand tu en sens le besoin ?

"Ingmal PAADUKH approchant le silence" ne fonctionne pas. Pas encore en ligne ?


 
 Re: "Les nomades sont loin, désormais" ( Anatomie d'un échec photographique )
Auteur: dan van orbeek (194.7.234.---)
Date:   16-02-2004 12:39

bonjour entièrement d'accord avec Jimmy,pour ma part j'ai toujours loué une bagnole au Maroc
ce qui me permet de m'arreter ou je veux et quand je veux,avoir un "fil à la patte" avec les voyages organisés non merci
pour la prise de vues il faut parfois du temps pour avoir les bonnes lumières et pouvoir se ballader le nez au vent
imagine que tu soit en voyage organisé et qu'a chaque endroit tu mette en oeuvre ta chambre 4x5 je crois que tes compagnons de voyage te lynchent
vive la liberté de mouvement et ne pas avoir d'horaire en voyage
dan


 
 Re: "Les nomades sont loin, désormais" ( Anatomie d'un échec photographique )
Auteur: Marc Genevrier 
Date:   16-02-2004 13:52

La citation de Pessoa est un peu pessimiste, mais quoi qu'il en soit, pourquoi parler d'échec ? Si la photographie n'était pas ainsi, serait-ce un art ? Ne resterait-elle pas qu'un enregistrement mécanisé du réel ?

Le paradoxe du voyage, c'est que bizarrement, alors que ça paraît fait pour s'ouvrir aux autres et à l'ailleurs, ça sert parfois à se retourner sur soi-même dans une sorte d'introspection. Comme si nous n'étions alors plus pleinement dans le monde, en flottement, comme si le fait de ne plus sentir d'attaches physiques avec l'environnement nous donnait le détachement nécessaire, l'oubli des contingences pour creuser ce qui fait (souvent) mal en nous. Situation particulière, j'en conviens - d'autres voyagent différemment. Et puis il y a peut-être le vertige de la page blanche : je viens ici pour ramener des images, je dispose d'un temps limité. Note, ça peut être assez confortable, on reproduit ici les petites habitudes du photographe itinérant qu'on a déjà eues dans d'autres contrées, ou même chez soi. C'est presque réconfortant, on s'agrippe à quelque chose de connu. Ainsi, on importe à la fois son monde cérébral et son occupation favorite, avec ses manies et les rythmes qui vont avec. D'où peut-être le sentiment d'échec après coup.

Pourquoi ne pas retourner au Maroc sans appareil photo ? ;-)

Marc
(pour être clair, tout de même : il y a de très belles images dans tes séries, et une impression d'ensemble très poétique. Chapeau !)


 
 Re: "Les nomades sont loin, désormais" ( Anatomie d'un échec photographique )
Auteur: Olivier BERTRAND 
Date:   16-02-2004 14:55

Mea culpa, Mea culpa, Mea culpa !

Oui, Monsieur le Juge, tout est ma faute : j'ai choisi la facilité en voyageant en groupe.
C'est bien fait pour moi.

Le prochain voyage, je partirai seul. Comme ça je ferai keskejeveux.

J'ai mis la citation de Pessoa, parce que l'interrogation reste formulée en ce qui me concerne, surtout le " pourquoi " et le " comment ".

Avec en corrolaire, les problèmes de l'écart de niveau de vie entre le blanc et les autochtones, les ravages du tourisme de masse ( Marrakech : Beurk Beurk ! ) etc , etc ...

Si j'ai attendu d'approcher la quarantaine avant de sortir d'Europe c'est parce que le sentiment du " A quoi bon voyager " était le plus fort.
J'ai un peu faibli et me voilà de retour, déçu.

Bon, il reste quand même quelques images et de très beau moments.

Olivier.

P.S :
Jimmy, "Ingmal PAADUKH approchant le silence" est réparé. Merci de l'avoir signalé.


 
 Re: "Les nomades sont loin, désormais" ( Anatomie d'un échec photographique )
Auteur: jean-louis SALVIGNOL 
Date:   16-02-2004 17:58

Bonjour Olivier

Vos photos sont de manière très troublante en harmonie avec votre sentiment

Ou bien est-ce votre sélection a posteriori qui re-construit cette cohérence ?

Si je puis citer ce cher V. Jankelevitch :

...la régression vers le passé se solde inéluctablement par un échec. La forme négative du mot "Irréversibilité", qui indique l'impossibilité de renverser, exprime notre regret et notre déception devant cet échec.


Dans "l'irréversible et la nostalgie"

Flammarion 1974


 
 Re: "Les nomades sont loin, désormais" ( Anatomie d'un échec photographique )
Auteur: Olivier BERTRAND 
Date:   16-02-2004 18:07

Sacré Vladimir, un bon compagnon en Philo ... ( 1983 déja ! )

" irréversible et la nostalgie " : pas mieux .

Je voulais aller au Maroc, mais en 1904 !

Bye.

olivier BERTRAND.


 
 Re: "Les nomades sont loin, désormais" ( Anatomie d'un échec photographique )
Auteur: marc 
Date:   16-02-2004 19:21

Bonjour,

Il me semble évident que vous ne faites pas les mêmes - belles - photos que vos compagnons de voyage!

Je ne pense pas que le Maroc soit surfait : le type de voyage, par contre...

A mon humble avis, la bonne vitesse, pour tous ces pays, c'est à pied. Pour le silence, la respiration, l'atmosphère, le contact, .. valable au Maroc comme au Zanskar.

Evidemment, vous ne "faites" pas le pays en 15 jours. Mais quel pourrait être l'intérêt du concept "raid" dans une telle approche photographique ?

Prenez quelques mules pour tout porter, un guide et un cuisinier, dessinez avec eux un itinéraire qui n'implique pas forcément d'être tel jour à tel endroit en fin de journée, pour pouvoir attendre la lumière que vous voulez. Votre équipage vous sevrira de passe magique dans ces contrées (indispensable).

Vous aurez le temps, le reste n'est plus qu'une question de désir....


 
 Re: "Les nomades sont loin, désormais" ( Anatomie d'un échec photographique )
Auteur: jean-louis SALVIGNOL 
Date:   16-02-2004 19:35

Marc,

Mais c'est tout cela, 1904 !

JLS


 
 Re: "Les nomades sont loin, désormais" ( Anatomie d'un échec photographique )
Auteur: henri Gaud 
Date:   16-02-2004 19:49

Bonjour,

Comme on voyage pour se trouver soi-même, ou pour se retrouver, si l'on est insatisfait c'est de soit-même, voilà un bon signe.

Les gens satisfait d'eux même sont tellement chiants.

Pour la phrase de V. Jankelevitch :

...la régression vers le passé se solde inéluctablement par un échec.

Je ne suis pas philosophe vous vous en doutez, mais il faudrait développer sur la régression, le passé et l'échec.

Pour moi le passé c'est moi-même et le futur en même temps, le passé qui compte.
Le sable du désert c'est l'image du passé, sa trace.

Mais finalement ce voyage décevant donne qq images, certaines me plaisent d'autres me donneraient le cafard.

HG


 
 Re: "Les nomades sont loin, désormais" ( Anatomie d'un échec photographique )
Auteur: marc 
Date:   16-02-2004 19:50

Jean Louis,

1904, ça existe toujours! La question c'est: pour combien de temps?


 
 Re: "Les nomades sont loin, désormais" ( Anatomie d'un échec photographique )
Auteur: jean-louis SALVIGNOL 
Date:   16-02-2004 21:14

bon, dans le désordre :

HG dit que : certaines me plaisent d'autres me donneraient le cafard.

C'est leur qualité "troublante" : l'échec programmé car on ne peut pas retrouver le Maroc vivant, actuel, j'allais dire explosif mais c'est sans mauvais jeu de mots

On est totalement à l'extérieur, hors du réél.

Le 4x4 aide beaucoup à se couper, du reste : c'est le cocon protecteur (bruit, poussière, vibrations)

C'est pour cela que j'ai re-pensé à ce livre de Jankélevitch

"Notre présent louvoie ainsi entre deux possibilités inverses : retrouver le passé perdu, se débarasser d'un passé importun...

...Dune part l'être fini dit au destin ; rendez-moi ce que vous m'avez pris; ou bien : donnez-moi ce qui me manque; et l'autre désir (...) demande en sens inverse : enlevez-moi ce fardeau dont vous m'avez chargé.

Le premier désir est désir de plénitude chez un homme en état de vacuité ; (...) combler un vide (...) Le pas assez (...) un appel d'air

Le second désir (...) a pour origine un trop: comment s'en débarrasser ?Le désirant se croit ici en état de mélange et attribue sa douleur à une impureté.(...) Le désirant, plus conservateur, veut surtout recouvrer sa forme originaire.

...Le désir né de l'irréversible regarde à la fois vers le passé en tant qu'il regrette et vers le futur en tant qu'il souhaite ou espère, le désir nè de l'irrévocable est tourné principalement vers le passé "

Désolé pour les coupes mais sinon les 300 pages y passaient.

Incidemment, c'est aussi un retour sur les arbres d'Atget...

...et comme j'adore rabâcher, je réitère ma recommandation d'un orfèvre : Victor Ségalen, ses photos et écrits de et sur la Chine (presque 1904 au fait) et son "essai sur l'exotisme" qui fait le tour des questions soulevées si judicieusement par Olivier et par ses photos.

Et que dire d'Équipée - voyage au pays du réel


Tout le monde aura compris que je suis un grand amoureux du Maghreb qui n'est en rien surfait mais si souvent caricaturé (Les infamies à la Gruyaert ou je ne sais qui)

Et ces voyagistes de m... qui osent vendre cà...

JLS


 
 Re: "Les nomades sont loin, désormais" ( Anatomie d'un échec photographique )
Auteur: henri Gaud 
Date:   16-02-2004 22:26

Bonjour,

Juste pour dire que la compréhension de l'autre (civilisation, continent) passe par la lecture de Victor Ségalen que j'ai toujours lu avec une rare délectation.

HG




 
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