Auteur: E. Bigler
Date: 06-02-2004 15:05
En complément de ce qui vient d'être dit par Henri G., Marc G. et Dominique P., j'aimerais ici soutenir une thèse, celle consistant à garder ce merveilleux Contax 645 avec son planar 80 f/2, d'en tirer de très belles images, de le bichonner, de se l'approprier, surtout si c'est votre premier moyen format, et de laisser le temps du rêve vers autre chose pour plus tard, par exemple, pourquoi pas ? pour un passage vers une chambre.
À l'appui de cette thèse j'aurais deux types d'arguments.
Le premier argument est très personnel, il se réfère au doute terrible qui prend celui qui, après un sacrifice financier important, se rend compte que « l' herbe optique et photographique était plus verte dans le champ d'à côté ». J'ai vécu ce doute après avoir acheté mon Rolleiflex T à la fin des années septante, la somme qu'on consentait généreusement à me redonner en reprise ne m'aurait payé qu'un-demi dos magasin Hasselblad. Douche froide. Et puis j'ai eu l'occasion de discuter avec un vieux vendeur parisien, sans langue de bois. Je ne connaissais pas la légende du Rollei, ce court entretien avec quelqu'un chez qui finalement je n'ai rien acheté fut déterminant. Il se souvenait des belles images faites avec le Tessar, il maudissait les poussières sur le "verre planificateur" des Rolleis planar-xenotar des années 60, pour un gain marginal en piqué et une sacrée masse d'ennuis en plus dûs à ce verre, ce fut le cri du coeur : « Rolleiflex T !! ne le vendez surtout pas !! gardez le !!» J'écoutai son sage conseil, et j'ai gardé l'appareil. Je ne le regrette vraiment pas même si cinq ans après je finis pas céder aux sirènes de Göteborg ; bien soutenues, d'ailleurs, par une robuste propagande optique venue d'Oberkochen. Ensuite seulement j'ai découvert tout le travail qui avait été fait par les maîtres anciens comme Robert Doisneau, les correspondants de guerre comme Lee Miller avec le Rollei-Tessar ; pour rien au monde je ne me séparerais de ce Rollei.
Le deuxième argument concerne la recherche d'autres angles de vue et d'autres objectifs que le 75-80-standard du 6x6. Ce fut l'un des arguments qui me firent douter du Rollei, ma première focale 6x6 mono-objectif réflex fut donc un 50 et non pas un 80 avec quelques lentilles de plus que le tessar. Sur ce point cela vaut la peine de réfléchir et de se donner du temps.
Tout d'abord, je ferais du noir et blanc ou du tirage à l'agrandisseur en 4,5x6, avant de « jeter le bébé avec l'eau du bain » je ferais des tirages avec une bonne optique 6 lentilles, je savourerais les résulats. Ensuite viendraient les interrogations : très longues focales ? si on a un 24x36, c'est encore là qu'on aura le meilleur rapport poids/qualité/prix, il ne faut pas se le cacher. Focale "portrait" modérée ? Mais ne peut-on pas adapter les optiques 6x6 'blad sur le Contax 645 ? dans ce cas les étagères européennes regorgent de Sonnars® 150mm qui se languissent sans trouver preneur !! Perte de la mise au point automatique ? vous rigolez ou quoi ?
Restent les grands angulaires. En piqué pur, cela a pris presque quarante ans, mais maintenant chez Zeiss on fait des rétrofocus pour le 6x6 qui n'ont plus guère à envier au Biogon® de la même boutique : mais à quel prix et quel encombrement ! cela vaut alors le coup de réfléchir à ce qu'on peut faire et à envisager une chambre ; conseiller le luxueux Alpa® suisse, c'est possible mais... arrhgh on ne s'éloigne guère du budget Contax, à tout le moins. Il reste alors les multiples possibilités dont nous discutons souvent : oui, une chambres, disons 9x12-4"x5" pour ne pas refaire un débat sur les châssis rollfilm, équipées des merveilleux objectifs grand angulaires non rétrofocus à grand cercle que l'industrie optique allemande et japonaise nous propose.
N'oubliez pas également que si vous passez en Mamiya 7, si le piqué est irréprochable, vous risquez un rendu colorimétrique différent de ce que donne un Zeiss : vous êtes prévenu !
Oui, s'il y a à réfléchir, ce sont sur ces points là ; et on voit bien que dans cette démarche que je suggère, le Contax 645 et son planar standard sont vraiment très à l'aise, car comme le dit de façon percutante Henri Gaud, cet appareil et cet objectif-là donneront des images que bien d'autres seront incapables de réaliser.
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