Auteur: Henri Peyre
Date: 07-01-2004 21:52
Bonjour,
Merci de votre intérêt pour l'article !
Je vais essayer de répondre (dans l'ordre):
- Y a-t-il une hiérarchie dans les huit critères que vous avez cités, plus ou moins « Musiliens » ?
- pour les critères, pas de hiérarchie. Comment l'établir ? Ce genre de hiérarchie peut changer selon les moments de la vie, je pense... en tous cas, chez l'auteur, cela a changé.
- Avez-vous d’autres exemples de photographies où plusieurs critères sont présents, pourquoi pas les huit ?
-Après la lecture de cet article, j’ai découvert un photographe qui se déclare influencé par Robert Musil, Franck Hülsbömer, le connaissez-vous, Quelle analyse en faites vous?
- l'article tente de porter une esthétique développée dans le champ littéraire au champ des arts visuels. Ce n'est déjà pas très commode. Je l'ai écrit pour faire le point et être en règle avec moi-même. Musil c'est assez largement ma philosophie de vie. Forcément si je fais des photographies avec honnêteté, je vais retrouver cette esthétique. Enfin c'est ce que je me suis dit... En réalité cela ne marche pas tout à fait aussi bien. Un certain nombre de photographies que j'ai pu faire et qui me plaisent peuvent être analysées comme cela (celles en particulier de la page http://www.galerie-photo.com/henri_peyre.html). Mais d'autres (qui ne sont pas sur le site) non. Je ne sais pas pourquoi encore. Probablement parce que l'esthétique de Musil ne "couvre" pas la mienne.
Je ne connais pas de photographe qui se réclame vraiment de Musil. Je suis allé chercher au nom que vous donnez mais je n'ai pas vu vraiment de rapport. Avez-vous le lien où ce photographe déclare quelque chose à ce sujet ? Sur quoi base-t-il le rapprochement ?
Les huit critères à la fois là je ne sais pas ;-)
Même chez Musil, il y a rarement les huit à la fois. L'exemple avec les huit, réellement, c'est le court-métrage de Polanski. On se prend un sacré coup dans le ventre. A priori, je pense que cette esthétique serait extrêmement applicable (je pourrais dire qu'elle serait même mécaniquement applicable) au cinéma. Les cinéastes les plus proches ? Les frères Taviani avec les deux Kaos, peut-être... Mais bon, c'est à étudier, il faudrait prendre les critères et compter les points ;-)
- Quand vous avez pris la photographie présentée dans l’article, votre but était-il déjà programmé pour entrer dans l’esthétique de Robert Musil ? Autrement dit, avez-vous programmé votre journée de prises de vues avec cette contrainte, ou bien cette vue s’est-elle présentée à vous ?
Non, surtout pas de contrainte ;-)
Je crois qu'on fait tous de la photo pour se connaître soi-même. A un moment on sait qu'une photo qu'on a fait nous convient plus qu'une autre. Et puis une autre. Si on veut s'améliorer on est obligé de se demander pourquoi, de rationnaliser, de comprendre, pour remonter plus vite et plus sûrement à un bonheur qui, parce qu'on la connu, nous laisse, enfui, dans une ombre un peu plus noire... c'est ça le vrai sujet de l'article. Prendre ce qu'on aime et décomposer pour comprendre. Maintenant c'est sûr qu'une fois que le moteur est sur la table, en petites pièces, il ne marche pas tout à fait aussi bien que lorsqu'il était tout monté.
Je pense à Christophe qui dit sur un autre fil aimer un site, parce qu'il n'y a pas de mots avec. Moi j'aime bien l'esprit allemand. Ces types qui parlent des sentiments et des passions comme s'il s'agissait du sucrier et de la salière devant eux sur la table. J'aime bien essayer de comprendre. Je n'aime pas bien les artistes qui trouvent. J'aime bien les artistes qui cherchent. J'aime bien l'idée d'un dépassement permanent, l'exploration sans arrêt renouvelée. Puis à un moment on arrive au bord du monde, on n'a plus de mots; et là, là seulement, commence la poésie. Mais on s'est battu avant de lâcher l'imaginaire.
Pour Patrick Cartou (d'un autre fil). Finalement le style c'est chiant, ce n'est qu'une pause, momentanée avant un autre envol, un plateau qu'on cimente, à la va-vite, avant de lancer une nouvelle fusée quand on a repris son souffle !
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