Auteur: Nico
Date: 07-01-2004 12:00
Bonjour,
On s'éloigne du sujet initial mais pourquoi pas; pour ma part, à propos de l'idée de "il y a eu un avant et un après" qui serait difficile à transposer en photographie, idée sur laquelle je n'ai aucune opinion particulièrement tranchée par ailleurs, ça me fait juste penser qu'il y a eu dans l'histoire récente des évenements qui ont marqué les consciences et dont l'évocation amène des images fixes car ce sont souvent des photographies qui ont été le plus à même d'en véhiculer le sens, ou le non-sens.
Peut-être que la photographie n'est pas autant une "cosa mentale" que la peinture ou que l'écriture (tiens tiens, ça me rappelle une autre discussion :-)) mais c'est peut-être un bon outil pour rendre compte de choses qui échappent au domaine de l'imaginaire.
Quelques exemples en vrac:
- l'imagerie scientifique, pour commencer simplement (images d'astronomie, de l'infiniment petit, du temps décomposé ou figé, etc.), et qui a montré, un jour, des choses que nul ne pouvait voir (sans doute imaginer, ce qui n'est pas pareil)
- le reportage, en particulier en temps de guerre ou d'évenements atroces, qui a pu montrer des choses qui se passent de mots et qui n'avaient encore été ni vues ni imaginées sans doute.
La puissance d'évocation et de persistance dans la mémoire (collective ou individuelle) de la photographie est immense et plus précise, plus objective que celle de l'écrit ou même que celle de la peinture. Peut-être est-ce dû à l'identification qu'elle provoque, du fait de sa fausse transparence?
Sans elle, il n'y aurait pas ces signes inamovibles comme le champignon nucléaire, comme les visages des prisonniers des camps nazis, comme les membres d'Apollo 13, etc.
Cette puissance d'évocation peut, quant à elle, provoquer chez tout un chacun un choc ou une rencontre qui marque une étape dans un parcours personnel ("un jour, j'ai vu telle image, et depuis, je ne regarde plus de la même manière"); bien sûr, n'importe quoi peut provoquer ce choc, la photographie comme tant d'autres choses.
Pour résumer, la photographie comme outil documentaire a marqué. Il y a eu un avant et un après, et cela se ressent énormément en art; son irruption a ébranlé la peinture, la sculpture et même l'écriture.
Comme outil artistique, il y a sans doute des auteurs (artisans? artistes? je ne sais pas et ça ne m'intéresse pas) qui ont fait avec des choses "impossibles" sans.
Un exemple qui me vient vite en mémoire (je ne sais pas pourquoi, mais ça peut coller): pour exprimer le monde de l'adolescence, des milliers de choses ont été produites, en littérature, en peinture, en sculpture, en musique. Une personne a exprimé cela d'une manière qui me touche tout particulièrement, c'est Francesca Woodman, qui a elle utilisé la photographie, notamment par la capacité qu'elle a de ne pas trop permettre le mensonge de la transparence de l'autoportrait.
Et c'est là qu'a lieu la pirouette qui nous ramène au sujet: l'utilisation d'une "recette de cuisine" (l'autoportrait) qui ne me semble pas s'épuiser.
Voilà, c'est tout pour les pensées du matin!
N
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