Auteur: victor
Date: 07-10-2003 22:31
Bonjour,
Je ne nie aucunement que les phénomènes historiques soient liés, ni l'intérêt de les mettre en relation les uns avec les autres.
Ce qui m'ennuie un peu avec les philosophies idéalistes , c'est qu'elles ne tentent pas seulement d'expliquer , mais qu'elles mettent en jeu aussi des arguments téléologiques. Le postulat de la philosophie hégélienne est que chaque événement n'est qu'un moment dans une histoire où la Raison prend peu à peu conscience d'elle même jusqu'à une fin où elle triomphe, c'est en ce sens une vision différente de la dialectique platonicienne où il s'agit plus d'atteindre les modèles idéaux des phénomènes qui ne sont qu'illusion.
Or dans la mesure où vous postulez à l'origine une finalité comme "la marche de la raison", comment allez vous penser la question du mal? Comme un moment nécessaire que la conscience doit dépasser, comme une forme d'événement "sursumable"? Mais dés lors, comment expliquer que malgré toute la marche de l'Histoire vers sa fin rationnelle, les génocides, massacres, fanatismes n'ont nullement cessés, bien au contraire?
Ce que veux en fait souligner, c'est que, pour séduisantes que soient les philosophies idéalistes ou les systèmes finalistes, ils fournissent aussi
de précieux outils pour tous ceux qui veulent gommer les "problèmes" historiques: par exemple, certains marxistes devenus révisionnistes parce que le génocide juif n'est pas possible dans une vision hégélienne-marxiste de l'histoire , à leurs yeux en tout cas. Ou encore le cas de Chomsky pour qui le génocide cambodgien, mis en perspective avec "l'atroce barbarie du système libéral américain" , devient plus ou moins banalisé, il n'est même plus vraiment un génocide , mais juste des actes de cruauté isolés.
Je suis tout à fait d'accord pour penser la question du mal dans une optique non passionnelle et pour tenter de saisir une vision plus globale des événements historiques, pour tenter de les comprendre et donc empêcher que l'histoire ne se répète, mais je ne suis nullement convancu ni que l'homme soit né bon ( idéalisme platonicien), ni qu'il soit un instrument dans un processus historique orienté par la Raison.
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