Auteur: E. Bigler
Date: 16-06-2003 09:46
L'appel à plus de tolérance (chronométrique) qui me vient d'Henri Gaud
me va droit au coeur, je concède volontiers une certaine déformation
professionnelle en la matière ; Henri G. a d'autant plus raison qu'il
est intéressant de traduire en termes d'écarts de diaphragme ou
d'écarts de densité optique sur le film un écart erratique de +- 10%
sur une vitesse d'obturation.
+-10% ceci veut dire : un temps qui fluctue entre 90% et 110% de sa
valeur nominale ; sur une lumination ce facteur 1,1 ou 0,9 correspond
à +- 1/8-ième de diaphramgme. (1 diaph = 2 - 0,5 ; 1/2 diaph : 1,4 -
0,7 ; 1/4 diaph = 1,19 - 0,84, 1/8 diaph = 1,09 - 0,92)
Pour autant que je le sache +-1/8-ième de diaph est acceptable sur une
diapositive où c'est a priori «tolérance zéro» sur la lumination.
Ces +-10% sur une lumination se traduient en échelle log_10 par
+-0,04, remultiplié par un gamma de 0,7 pour se placer en
négatif/positif noir et blanc ceci nous donne, si je ne me suis pas
trompé, car cela apparaît si faible, en densité une fluctuation
erratique de +-0,03.
Singnalons aussi dans cet article intéressant des mesures sytématiques
sur un obturateur central mécanique qui donnent une précision un peu
meilleure que 10% (pas de beuacoup) avec une répétabilité nettement
meilleure que 10%. Sans doute cet obturateur était-il en parfait état
d'entretien.
http://www.largeformatphotography.info/shutters.html
En ce qui concerne le problème des 1/250 et 1/500s des obturateurs
centraux, c'est une erreur systématique corrigeable et pas une erreur
aléatoire. Dans le bouquin de Stroebel page 80 il y a un tableau de
correction dont on a du mal à croire qu'il soit universel pour toutes
les optiques et tous les obturateurs centraux, néanmoins il indique
une correction de 1/4 diaph max au 1/125s, 1/2 diaph au 1/250 et
jusqu'à 1 diaph au 1/500. Dans les bouquins de René Bouillot cette
correction est également indiquée et très bien expliquée. L'idée est
que le temps effectif est plus long que 1/500s lorsqu'on est à f/16,
il faut donc, de fait, fermer un peu plus le diaph que l'indication du
posemètre basé sur la réciprocité, et ceci dès qu'on ne travaille plus
à la pleine ouverture de l'optique.... c'est à dire toujours avec un
optique de chambre.
On peut considérer cet effet comme un écart de réciprocité «mécanique»
du couple vitesse/diaph, qu'on peut étalonner et corriger
systématiquement.
Il serait intéressant de savoir sur les optiques Rollei PQS qui
montent au 1/1000-s comment le programme du posemètre et la batterie
de calculs qui sont faits en interne tient compte de cet effet. La
réponse tient peut-être dans ce que l'actionnement des lamelles dans
l'obturateur Rollei est tellement rapide que cette non-réciprocité
mécanique est plus faible que dans un système à ressort.
Enfin on peut dire en faisant une comparaison avec un échappement de
montre que l'échappement d'un obturateur mécanique ne possède pas
d'organe réglant comme le système balancier-spiral. Ce serait
impossible d'ailleurs d'adjoindre un balancier spiral, les plus
rapides, du moins en montres-bracelets, sont ceux utilisés sur certains chronographes mécaniques au
1/10-ième de seconde, ce temps étant la durée d'une alternance. D'une
certaine façon la solution facile est évidemment une temporisation
précise à partir d'un quartz horloger à 32 kHz, il suffit en principe
de sortir sur les différentes pattes du circuit diviseur les
fréquences de 0,5 Hz (si on veut se baser sur une alternance de 1
seconde, avec une période de 2 secondes), 1Hz, 2Hz 4Hz, etc,
d'adjoindre un actionneur électo-mécanique et ce jusqu'à la limite
mécanique qui est le fameux 1/1000s du Rollei, plutôt le 1/500 pour un
N°0, 1/250 pour un N°1 et 1/200 pour le Compur 3.
À l'époque où le Compur Electronic fut introduit, il n'y avait pas
encore de quartz horloger à 1 centime la pièce, pas de mouvement de
montre à 1 euro pièce. Le mot "quartz" est apparu dans les année 70-80
comme un argument commercial sur certains boîtiers comme le Contax
Kyocera. Certes le fabricant avait dû se procurer chez son voisin
Seiko le petit circuit qui remplaçait pour une somme dérisoire une
temporisation RC classique ... cela valait bien un coup de marketing !
D'une certaine façon on pourrait comparer l'échappement d'un
obturateur central aux systèmes d'échappement qui ont précédé
l'invention du spiral réglant par Huyghens. La probématique de
l'obturateur est très différente puisqu'il s'agit de faire une
temporisation variable de 1 à 500, avec une précision modeste de
l'ordre de 10%, mais en libérant l'énergie du ressort moteur en un
très faible laps de temps. Trois conditions exactement antinomiques du
fonctionnement correct d'un échappement de montre mécanique, où la
fréquence doit être la plus stable possible, l'énergie élastique du
ressort de barillet --qui pour une montre de poche doit être assez
comparable à celle de qu'on fournit lors de l'armage d'un obturateur--
libérée entre un et deux jours pour les montres courantes, et où la
plupart des engrenages ne tournent que très lentement (sauf vers la
roue d'ancre).
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