Auteur: Xavier R
Date: 28-11-2005 18:35
"L'outil serait donc un médium qui permettrait d'atteindre la réalité photographiée rendue ainsi visible par l'image.
Cependant, donner du sens est une prétention incroyable digne d'un croyant : qui peut affirmer que son image véhicule ou déclenche un sens univoque non ambigu ?
Car si je ne maîtrise pas tout à fait mon appareil, mon conscient n'est pas complètement obnubilé par les pétard mouillé surréaliste ou par les vapeurs de Tokay. Mais encore une fois, je ne suis pas un poète de l'image, ni un philosophe de la photographie.
S'il est vrai que l'outil qui traîne, précède et produit du sens est une appropriation du cortex cérébral, alors la prétention et la psychose photographiques ne connaissent pas de limite corticale."
Excusez moi Gérard F mais je ne vous suis pas très bien: outre votre manque d'humour concernant la 2° phrase.
Vous affirmez n' être ni un poete ni un philosophe de l'image.
Il me semble que vous êtes en contradiction avec votre contribution du mois dernier où vous apparaissez comme un poete et un philosophe de l'image.
Je me sentais en phase avec vous mais la je suis plutôt perplexe.
Quelque chose doit m'échapper.
Voici votre contrib. du mois de novembre:
Le net, la mort et le flou
Il y a deux espèces de photographes : ceux qui recherchent la netteté et les autres qui ne refusent pas le flou.
Les uns sont sensibles à la sérénité de ce qui est, les autres préfèrent le dynamisme de ce qui bouge ; ces derniers se mettent eux-mêmes en mouvement pour arriver à leurs fins.
Le net est la fixation du paysage comme l'instantané est l'arrêt du temps. Donc un arrêt sur image. Ce qui est paradoxal dans le mouvement du sujet, mais conforme aux vœux initiaux de la photographie.
Mais, la pose est toujours suspectée de préparation, de conformisme, de statisme renvoyant à l'angoisse de la mort.
Ainsi, photographier à travers une vitre d'un véhicule mobile revient à jouer le flou contre le net. La photographie qui figeait naguère le temps veut soudain, et dans un mouvement de rage, témoigner du mouvement, de son propre mouvement et dénier ainsi le statisme du sujet classique, la pose. Angoisse, rage parfois non dénuée de simple curiosité.
Le flou illustre la vitesse, le mouvement de l'espace, signe la fuite en avant, marque le refus de l'arrêt.
Le floutage brouille volontairement la vision pour perdre les repères visuels habituels ; il est à lui seul une espèce de dérèglement du traitement traditionnel de la photographie qui veut donner à voir le plus nettement possible.
C'est la tentative de voir au-delà de l'image, de saisir une autre réalité : une surréalité comme un refoulement obsessionnel de la mort.
Grâce à la maniabilité de la caméra, la meilleure sensibilité de la pellicule, à l'attraction de la couleur, le preneur de vues réalise son obsession : préférer les sensations du mouvement au bonheur statique.
Comble de paradoxe, c'est, en étant calé assis ou debout dans le mobile, que le prédateur photographique doué de la vitesse de la machine, arrête le temps au profit de l'image floue.
Refus de voir net, c'est comme s'aveugler pour s'autoriser des sensations nouvelles et palpitantes.
Tant que le cœur tient ! Comme un enfant qui ferme les yeux en descendant en courant une rue en pente.
La vision rapide de l'abîme mobile remplace la mise en abyme statique. Elle brouille la vision dans le mouvement.
Par un instinct de survie qui n'a jamais existé ou dans un mouvement de panique devant la mort des choses et des êtres, nous préférons fuir plutôt que de rester arrêtés à attendre la fin de la pellicule.
Comme dans l'épopée mythique du Far West américain et l'épopée tragique du Near-East mésopotamien, on tire d'abord par pur "réflex ", pour calmer sa peur d'être arrêté - descendu du mobile - et l'on regarde le résultat après.
" Smile, Shoot, Smile" répète comme au drill le professionnel anglais échoué sur 'l'Euphrate…
Vite, flou, vite…
A priorité, certaines acuités créent de la surréalité. L'exemple-type est la peinture américaine à l'acrylique et à l'aérographe qui s'appelle précisément l'hyperréalisme. C'est la reproduction parfaite pour le peintre, le client et le spectateur de la réalité qui dépasse la réalité. Celle-ci devient surréelle à force d'acuité de la vue - parfois réalisée d'aprés photographie- et de précision de la peinture. Un critique dirait péjorativement que c'est de la cuisine lèchée.
Le surréel est apr définition ce qui dépasse ce qui est. En un sens, une photogrphie floue peut dépasser la réalité. Des effets peuvent créer un monde paralléle, non vue ou incroyables (Man Ray comme Lartigue).
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