Auteur: Matthieu Gafsou
Date: 14-11-2005 11:21
L'idée me plait.
Marc, votre texte fait ressurgir en moi la sonorité d'un manifeste déjà lu autre part. Sommes-nous dans la satire, l'hommage, la mise en abîme, le plagiat?
A quand les "Cent mille milliards de photogrammes"? (les "cent mille milliards de poèmes" de Queneau (aidé par Le Lionnais, grand amateur du jeu d'échecs) proposent de créer soi-même ledit nombre de sonnets à partir de x sonnets déjà écrits, chaque vers est sur une lamelle de papier, le tout est relié par des anneaux... on tourne, on mélange et on compose. Ce qui est intéressant là-dedans c'est la participation du récepteur dans la composition du poème ; sans oublier que les sonnets de base sont déjà particulièrement délicieux).
J'avais lu un bouquin de Queneau qui présentait les méthodes de l'Oulipo, ou du moins des méthodes proches (livre peut-être écrit avant la fondation de l'Oulipo) "Bâtons, chiffres et lettres" je crois. On y trouve pas mal de choses, assez loufoques. En particulier les idées de littérature combinatoire, le monovocalisme, le lipogramme (cf. la Disparition de Pérec), etc. Les entretiens avec Georges Charbonnier sont pas mal aussi. Queneau soutient la nécessité de rénover la langue en quelque-chose de proche de sa novlangue (keskipudonctan?).
Mais, au-delà de l'Oulipo, nous pourrions regarder en amont.
Proust: un écrivain doit faire sa langue comme un musicien doit faire son son (c'est mieux à l'oral).
Céline: "Retrouver l'émotion du "parlé" à travers l'écrit! c'est pas rien!... C'est infime, mais c'est quelque chose."
La différence dans l'Oulipo, c'est l'absurde. C'est la contraine qui dirige l'écrivant. Pas la quête romantique d’un style personnel, subjectif, expression du moi génial qui crée.
Pour nous (je ne prétends pas pouvoir réaliser ce dont je parle), l'idée serait donc d'instaurer des contraintes ARBITRAIRES dans le langage photographique afin d'en faire émerger quelque-chose de créatif.
1) Exercice sujet à l'autodérision, l'absurde et le sérieux.
2) Toute personne prise en flagrant délit de jubilation égocentrique dans l'exercice de la contrainte risque de s'affirmer comme membre de L'Ouphoto.
3) Je ne prétends pas correspondre à cette figure.
4) Mais j'ai toujours pensé que l'Oulipo, comme laboratoire d'idées fut (et est) une expérience incroyable.
Je me permets, en passant, de vous recommander la « Maison de feuilles » de Mark z. Danielewski. Ouvrage qui mêle un foisonnement d’instances narratives avec un réflexion typographique très novatrice. C’est un livre complètement déjanté, dérangeant, puissant. Le texte fait sens autant comme véhicule du sens, que comme contenant d’une graphie.
Pour la photographie : pourquoi ne pas explorer la forme de l’image finale. Ces rectangles et ces carrés sont ma foi bien conventionnels.
Je propose la spirale d’archimède comme modèle (évolutif à l’infini, du triangle rectangle au colimaçon géant) de présentation de photographies qui s’inspireraient évidemment de la vie cruelle de l’escargot. Pour une fois que la Bourgogne ferait parler d’elle sur ce forum pour une raison phorographique.
Cordialement
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